LGBT serbes déçus de «leur» Première ministre

Sa désignation l’an dernier à la tête du gouvernement avait été une excellente surprise dans les Balkans. Femme, jeune et ouvertement lesbienne, Ana Brnabic a fait naître de grands espoirs parmi les LGBT de Serbie, qui l’avaient acclamée lors de la Gay Pride de Belgrade 2017. Un an plus tard, c’est la désillusion dans une partie de la communauté, relève la BBC. Des voix s’élèvent pour empêcher la cheffe de l’Exécutif de participer à la parade, qui se déroule aujourd’hui.

Une pride alternative s’est d’ailleurs déroulée en juin. Sans politiciens. Le but de cette marche était de ramener l’événement «aux gens ordinaire», résume Predrag Azdejkovic, du groupe GLIC. Ce dernier n’a pas digéré que Brnabic ait expressément exclu les droits des LGBT des priorités de son gouvernement, soulevant des problèmes plus urgents comme l’inflation, les retraites et les conditions de vie générale des serbes. «C’est une déclaration scandaleuse», s’indigne Azdejkovic.

Climat hostile
En dépit d’une loi contre les discriminations – jugée peu efficace –, la situation des LGBT reste préoccupante dans une Serbie marquée par l’influence de l’Eglise orthodoxe et hostile à la reconnaissance des couples de même sexe. Des sondages montrent une homophobie fortement ancrée dans la population. Les violences d’extrême droite contre les gay prides de Belgrade, ces dernières années, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. «Beaucoup de gens disent: vous avez une Première ministre gay, deux Prides, vous devriez être contents. Mais tout ça, c’est bidon», estime Azdejkovic.

Malgré les frustrations, Ana Brnabic a bien l’intention de continuer à prendre part à la marche des fiertés. «Pour moi, c’est une manière de confronter activement les stéréotypes et les préjugés», a-t-elle assuré.

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