«Et si on se mettait touste·x·s ensemble dans un gros cerveau?»
Le Collectif Foulles, compagnie de danse émergente, présente à Lausanne sa nouvelle création, Le cerveau mou de l’existence. Éclairage avec trois des danseur·se·x·s du collectif queer, Auguste de Boursetty, Collin Cabanis et Délia Krayenbühl.
Formé en 2018 par la réunion de cinq ami·e·x·s diplômé·e·x·s de La Manufacture, Auguste de Boursetty, Collin Cabanis, Délia Krayenbühl, Emma Saba et Fabio Zoppelli, les Foulles mettent l’accent sur un mode de création résolument collectif. On ne lésine pas sur le temps de discussion à cinq voix, avant d’expérimenter à cinq corps. C’est qu’au fil des projets, les Foulles s’attachent à préserver l’amitié et la complicité comme tapis fertile de leur création.
Le collectif qui comprend des personnes queer ou alliées thématise parfois la question de genre dans sa création. Chaque membre apporte son propre récit, qui entre en résonance avec celui des autres. Auguste note que, en tant qu’homme trans en transition, l’enfance et l’adolescence sont des thèmes particulièrement importants pour lui. Il ajoute que le discours des membres non queer complexifie et enrichit leur manière d’aborder la question du genre.
Matelas, siège de la pensée
Le groupe a vu émerger le thème de leur nouvelle création lors d’un séjour al fresco. Durant ce moment entre ami·e·x·s, la discussion s’est portée sur les croyances, les connaissances, ainsi que les récits de construction personnelle de chacun·e·x·s. Ces pensées sont entrées en friction et en résonance. Un point d’ancrage en forme de questionnement a émergé, raconte Délia. «Si on se met touste·x·s ensemble dans un gros cerveau, qu’est-ce que ça fait émerger? Quelle est l’émulsion qui se fait? On arrive dans un grand cerveau et on s’active en lien avec la question des croyances, des connaissances. On s’active en faisant bouger différentes parties du corps et du cerveau, du micro au macro.»
C’est tout naturellement que l’improvisation se fait sa place dans Le cerveau mou de l’existence. «Si l’on écrit trop nous n’avons plus besoin d’être autant en lien», observe Collin. Cette liberté alterne avec des parties plus écrites, lorsque les artistes dansent les yeux fermés, par exemple. Les danseur·se·x·s, tour à tour neurones connectés ou synapses endormies, évoluent sur un plateau recouvert de matelas représentant un grand cerveau. Cet organe mou permet de travailler les sauts, les chutes et les atterrissages, de s’adonner à un mouvement ludique. Un espace qui évoque l’enfance, selon Collin: «Le lit est un lieu qui échappe à l’autorité et on y habite comme on veut.»
Jeudi, samedi et dimanche, après la représentation, le décor moelleux servira de cadre aux «siestes-conférences» (Im)mobility Salon, à l’invitation de la chorégraphe, danseuse et chercheuse en arts vivants Alix Eynaudi. Elle y recevra un·e·x invité·e·x surprise à écouter les yeux mi-clos parler immobilité, ralentissement, interruption