Undersang réenchante la forêt par une écologie queer

Le chorégraphe norvégien-jamaïcain Harald Beharie signe avec Undersang une œuvre immersive où nature, voix et corps se rencontrent. Lauréat du Prix des critiques norvégiens 2024, il présente pour la première fois ce rituel chorégraphique en Suisse romande, à Vernier.
Basé à Oslo, Harald Beharie (il/iel) développe une pratique chorégraphique qui explore les zones d’ambiguïté, de fragilité et d’inconfort. Ses œuvres sont des voyages collectifs où le corps devient moteur dramaturgique, capable de transformer l’espace et de produire des énergies nouvelles.
Des oeuvres comme outils d’émancipation
Dans ses projets marquants — Shine Utopians (2020, avec Louis Schou), Batty Bwoy (2022) et aujourd’hui Undersang — qui est présenté du 6 au 8 septembre par La Commune de Vernier dans le cadre du Festival de la Bâtie — Harald Beharie engage des thèmes liés à la monstruosité, au dégoût et à la transgression comme outils d’émancipation.
Ses pièces interrogent les récits dominants sur le corps noir et queer, et laissent émerger le rituel comme force transcendante. Entre comique et inquiétant, vulnérabilité et intensité émotionnelle, son travail génère une vibration qui déstabilise et ouvre de nouvelles façons d’être et de sentir.
Une expérience collective
Undersang débute par une marche, transformant le déplacement du public en rituel d’entrée. La pièce se déroule ensuite au cœur du paysage, où six interprètes — danseur·euse·x·s et chanteur·euse·x·s — tissent un dialogue avec la forêt. Leurs cris, chants et souffles se confondent avec les sons du vent et de l’eau, abolissant les frontières entre scène et environnement. Selon la critique de Scenekunst, la performance produit «une intensité physique et émotionnelle marquante, évoquant beauté, effroi et transe».
Une écologie queer
Inspirée par la notion de queer ecology, la pièce interroge ce que l’on considère comme «naturel» et propose de nouvelles façons de penser le lien au vivant. Corps racisés et queers deviennent ici les vecteurs d’autres récits possibles, entre mémoire rituelle et imaginaires de science-fiction. Pour Teatro Persinsala, la pièce se déploie comme «une chorégraphie symphonique de grondements et de pulsations collectives», transformant autant le paysage que celleux qui l’habitent le temps d’une soirée.
Un rituel chorégraphique au coeur de la fôret, organisé par la Ville de Vernier du 6 au 8 septembre 2025 à la Salle du Lignon à Vernier (env. 70 min + 30 min de déambulation).
Infos & billetterie: infomaniak.events
