«Tu ne toucheras point»

Quel est le point de départ de Touch Isolation?

Lorsque nous avons créé un spectacle sur la féminité (Ef_femininity, 2018), l’une de nos interprètes, Diya Naidu, nous a transmis un article intitulé Touch Isolation de l’auteur américain Mark Greene, spécialiste de la masculinité. Il y parle de la façon dont les garçons, dès leur plus jeune âge, sont découragés à avoir des contacts physiques platoniques et tendres avec d’autres garçons. L’une des obligations patriarcales à l’encontre des garçons est de ne pas toucher les autres garçons avec trop d’enthousiasme. Nous nous sommes demandés d’où cela venait. Nous avons cherché des comportements et des images typiquement masculines et avons pris les États-Unis pour référence, car ils ont une forte influence dans la culture occidentale.

La déconstruction du patriarcat est-elle un sujet important dans votre spectacle ?

Oui, même s’il a été difficile de trouver le bon équilibre pour en parler de manière explicite. À certains moments, nous cherchions à éviter à tout prix de reproduire des gestes patriarcaux. Les artistes du groupe (lesbien, NDLR) Les Reines Prochaines, avec qui je travaille régulièrement, nous ont donné du fil à retordre et nous ont incités à faire preuve d’un peu plus d’humour et de confiance en nous. Nous avons progressé ensemble, ce qui est une belle chose.

À quoi ressemblerait un monde (occidental) dans lequel les hommes pourraient avoir entre eux des interactions physiques semblables à celles des femmes entre elles ?

Ils se sentiraient sans doute plus connectés, nourris, confiants et détendus, pour ne citer que quelques-uns des avantages. J’imagine qu’ils seraient aussi plus enclins à l’humour et à accepter leur propre vulnérabilité, ce qui serait plutôt sympa, n’est-ce pas?

Touch Isolation, samedi 19 mars. Théâtre Sévelin 36, Lausanne.

theatresevelin36.ch

Publié par

Annabelle Georgen

Correspondante basée à Berlin. Sur Instagram: @annabelle.georgen

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