Face à la haine, l’amour. Le message peut sembler éculé, candide, cliché — surtout au lendemain de la si kitscho-commerciale Saint-Valentin, mais il est pourtant très concret: le 15 février prochain, à l’appel des associations LGBTIQ+ qui organisent chaque été les marches des fiertés dans tout le pays, des dizaines de milliers de personnes queer défileront dans les rues d’une trentaine de villes allemandes. Leur bannière: «Vote pour l’amour – des croix plutôt que des frontières» (en VO: «Wähl Liebe – Kreuze setzen statt Grenzen»). Les croix, ce sont celles que cochent les Allemand·e·x·s sur leurs bulletins de vote.
Avec ces manifestations, les associations LGBTIQ+ espèrent convaincre indécis·e·x·s et abstentionnistes à faire barrage à l’extrême droite une semaine plus tard, le 23 février, lors des élections anticipées au Bundestag. Selon les derniers sondages, la menace est sérieuse: l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est créditée de plus de 20% des intentions de vote, ce qui ferait d’elle le deuxième pouvoir politique d’Allemagne, derrière les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU, qui remporterait près de 30% des suffrages.
Sombre tableau
En croisade contre les minorités – réfugié·e·x·s et personnes trans en tête –, l’AfD, si elle venait à se retrouver au sein d’une coalition gouvernementale, s’attaquerait sans attendre aux droits des personnes LGBTIQ+. Pour ne rien arranger à ce sombre tableau, c’est une candidate lesbienne (qui au passage refuse avec véhémence d’être qualifiée de «queer»), pacsée à une femme non blanche, avec qui elle élève deux enfants… en Suisse qu’a choisie l’AfD. Alice Weidel, avec sa famille arc-en-ciel, représente tout ce qu’une grande partie de l’électorat du parti honnit, et pourtant… La communauté LGBTIQ+ allemande se serait bien passée de ce coup du sort.
Rendez-vous est donc pris dans les rues d’une trentaine de villes à travers l’Allemagne le 15 février à 11h55. L’horaire est un clin d’œil au hashtag #5vor12 («midi moins cinq»), utilisé dans les manifestations contre l’extrême droite ces dernières semaines.
