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Uzi Freyja: «Je veux que les gens puissent pleurer en dansant»

Uzi Freyja: «Je veux que les gens puissent pleurer en dansant»

Après avoir retourné les plus grands festivals, la rappeuse franco-camerounaise lance sa tournée samedi au Romandie, à l'occasion de la réouverture de la mythique salle lausannoise. Elle vous prévient: ici, on règle ses comptes en secouant le bunda!

Explosive et sans compromis, Uzi Freyja revient sur scène avec Bhelize Don’t Cry, un premier album où elle livre son histoire compliquée avec une sincérité brute. Portée par une énergie électrisante, entre hip-hop, fureur punk et beats dansants, elle veut que son public «pleure en dansant».

Tu décris ton premier album Bhelize Don’t Cry comme une lettre adressée à la petite fille que tu étais. Qu’est-ce que tu livres dans cette lettre?

Je suis née au Cameroun et à l’âge de 12 ans, je suis arrivée en France. Bhelize est mon prénom d’enfance, c’est une manière de dire à l’enfant que j’étais que ça va aller. C’est un album que je vois comme une thérapie personnelle. Je démarre sur le titre I Don’t Luv Me et je termine sur Mummy and Daddy Issues. C’est ma façon de raconter que si je ne m’aime pas, c’est à cause de mes parents. J’ai vécu beaucoup de choses et la musique a toujours été mon journal intime. J’ai toujours écrit sur ma vie et si les gens se sentent concernés, j’en suis heureuse, mais je n’écris pas pour eux.

Comment as-tu choisi les thèmes dont tu parles dans cet album?

Dans ce disque, je parle des thèmes qui ont marqué ma vie: la violence, le manque d’amour et les agressions sexuelles. Par exemple, dans Love Is Unfair, je parle de déception amoureuse et de mon éducation sentimentale, qui s’est faite dans la violence. Pour Médusa, je parle de se voir comme un «monstre» à cause des violences subies. Dans Mummy and Daddy Issues, je raconte que ma mère ne m’a jamais aimée. Il y a aussi des titres plus légers, comme Oulala.

Tu n’aimes pas définir ta musique mais s’il le faut, tu préfères la qualifier de «rap-punk». Ce premier album est un cocktail de styles musicaux: énergie rock, influences hip-hop et club musique, sonorités techno, mélange de rap et de house, etc. Comment expliques-tu le contraste entre les thèmes intimes de ton album et cette musique très dansante?

J’écoute beaucoup de genres musicaux différents et sur cet album, je ne me cantonne pas à un style. Je n’avais pas envie de faire une musique larmoyante, je veux que les gens soient en capacité de pleurer en dansant. Dans mes concerts, on danse, on parle, on pleure, tout le monde est bien accueilli, à part les couples qui s’embrassent, ça m’énerve car je suis célibataire. (Rires).

«On m’a dit que je ne parle que de cul dans ma musique, alors que je n’ai que deux ou trois titres qui parlent de sexe. On ne fait pas ce genre de remarques aux hommes.»

Tu pourrais nous raconter l’histoire du titre Burn the Witch Burner, est-ce une critique de l’industrie de la musique?

C’est une critique des haters en général, que ce soit dans la musique ou en ligne, qui te disent ce que tu dois faire: il faut être belle pour percer, il faut coucher… Par exemple, on m’a dit que le titre Spicy Mami (avec Béatrice Dalle) était vulgaire, et que je ne parle que de cul dans ma musique, alors que je n’ai que deux ou trois titres qui parlent de sexe. On ne fait pas ce genre de remarques aux hommes.

Pourquoi avoir choisi le mythe de Médusa (sur le titre du même nom) pour aborder le sujet des violences systémiques?

Médusa a été violée par Poséidon, et Athéna au lieu de l’aider, l’a punie et l’a transformée en monstre, comme si les violences qu’on subit seraient de notre faute. De plus, je suis discriminée en tant que femme, noire, ronde, mon corps ne m’appartient pas. Dans la musique, on m’a même demandé d’être plus mince, d’avoir la peau plus claire, etc. Son histoire résonne avec mon vécu.

Tu dis vouloir transmettre une énergie de la scène dans ta musique, et ça se ressent sur ton disque. Que vas-tu proposer comme show au Romandie?

J’adore la scène, plus que le studio. L’univers de Missy Elliot, Busta Rhymes, Janet Jackson, le cyberpunk, les méchants dans les films sont mes influences pour la scène… Au Romandie, vous serez les premier·ère·x·s à voir mon nouveau show car c’est la première date de la tournée. Si vous avez envie d’applaudir avec votre bunda, de critiquer vos ex, de dire à vos parents de doser leur connerie, on va être ensemble!

Uzi Freyja, avec Beurre (live) et aftershow par Loz Rave Crew, dans le cadre de La Double Crémaillère, le 8 février au Romandie. Plus d’infos sur leromandie.ch