Un été de haute lutte
Les débats sur le mariage des couples de même sexe, à l’étranger, ou sur le partenariat, sous la coupole fédérale, ont fait le lit d’empoignades publiques relayées par les médias.
Cette édition de 360° n’y fait pas exception, c’est la loi de l’actualité, mais surtout parce que notre engagement nous y oblige. Qu’avons-nous entendu? Le point de vue des réactionnaires et des bien–pensants garants de l’ordre naturel et sacré. Les arguties de psys, de sociologues et de littérateurs de toutes sortes. La dernière salve fut donnée par l’agit-prop de fondamentalistes homosexuels qui ont taxé d’homophobe tout discours émettant quelques réserves sur le mariage. Comment se peut-il que le mariage, par essence conventionnel et normatif, d’une minorité dans la minorité LGBT, qui plus est, suscite une telle hystérie collective? A priori nous nous dirions que les conservateurs devraient se frotter les mains à la vue de ces brebis galeuses qui rentrent dans le rang. «Pervers, hors du temple!» répondent-ils pourtant aux aspirants à la vie conjugale, dite honnête. Quelles sont les motivations des préposés au mariage? Deux éléments de réponse. L’ostracisme perpétuel à l’égard des homos a conduit certains à vivre «hors de ce monde», à s’évader vers l’individualisme ou la subversion, haïssant la norme. Ce choix réclame pourtant une force que tout le monde n’a pas, à plus forte raison si l’on vit dans la précarité. Pour ces derniers, cette protection sociale et la consécration du sentiment amoureux par l’union matrimoniale deviendraient une planche de salut, et une tentative de rédemption pour la «faute» inscrite en nous, encore punis par l’injure homophobe ou «les bûchers de Sodome» en pays barbares. Un passif (sans jeu de mot) qui nous est commun. Second élément de réponse, et enjeu aussi capital, le droit à l’égalité pour tous. Nous ne voulons pas être tolérés. Nous réclamons le droit à la différence comme à l’indifférence. Au même titre qu’il est insupportable de passer pour l’arabe, le noir ou le juif de service. Autres thèmes d’empoignades publiques en vogue: l’adoption et l’insémination médicalement assistée. Rappelons, ici, que la femme est propriétaire de son ventre. Ensuite, si nous affirmons qu’il n’y a pas de «droit à l’adoption» – même pour les couples hétéros – et que la problématique devrait avant tout être centrée sur l’enfant et ses droits, mettre a priori de côté tout un groupe de population revient à cautionner une forme de discrimination. Ce que nous voulons? Tout. La Pride 04 sera l’occasion de la revendication au-delà de la visibilité qui est un acquis. Sept jours de Pride et de liesse. Espérons-le. Une Pride comme un préambule à un été que nous vous souhaitons torride en suivant notre guide.
