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Y a-t-il une vie après Sex and the city?

Alors que la TSR diffuse les derniers et ultimes épisodes de la série culte, les fans s’interrogent: Carrie et ses copines hystériques vont-elles rentrer dans le rang? Décorticage de ce phénomène télé par un inconditionnel.

«Dans la vie d’une femme, qu’est-ce qui définit un happy end?» Cette question, Carrie Bradshaw elle-même aurait pu l’écrire sur son portable, en fumant une cigarette devant la fenêtre de son appartement new-yorkais. Durant six années et autant de saisons, Carrie, Miranda, Charlotte et Samantha ont donné une vision de la femme encore inédite dans les séries télévisées: libre et humaine. Libres de choisir la vie qu’elles désirent. Toute l’idée de Sex and the City repose sur cette interrogation: aujourd’hui, comment une femme célibataire de 35 ans habitant seule peut-elle se réaliser? Avec la récente diffusion aux Etats-Unis des huit ultimes épisodes de la série, apporter une fin à cette aventure était particulièrement difficile, une dilemme plus fort que jamais. Carrie allait-elle se marier et ainsi rentrer dans un ordre encore établi de la société? Ou au contraire, allait-elle rester célibataire et épanouie dans une amitié formidable avec ses «sœurs»?
«Je veux simplement que Carrie soit heureuse», déclarait début janvier au New York Times l’actrice Sarah Jessica Parker, qui a incarné la chroniqueuse Carrie Bradshaw pendant six saisons. «J’ai envie que les gens aient le sentiment qu’elle est OK. Mais c’est difficile, nous devons faire honneur à toutes ces personnes qui nous reçoivent chez elles chaque semaine, dont beaucoup pensent qu’on peut se réaliser en dehors des codes établis; que vos amis et les familles que vous construisez peuvent vous apporter tout ce dont vous avez besoin.»
Après une surprenante et très brève cinquième saison, dans laquelle les quatre protagonistes semblaient se perdre (Miranda accepte difficilement sa nouvelle vie avec son enfant, Carrie réussit sa vie professionnelle mais doit affronter sa solitude), ces ultimes épisodes, diffusés chaque semaine depuis février par la TSR, démontrent l’incroyable capacité des auteurs à faire évoluer leurs personnages et à achever avec la plus grande finesse et dans cette inimitable balance «réalité-fiction» ce qui restera l’une des séries les plus remarquables de son temps.

Anti-Bush
Avec la disparition à l’écran de ces quatre amies, une page se tourne, et avec elle peut-être même une époque. Bien sûr, leurs détracteurs n’auront pas attendu leurs ultimes frasques pour scander que certaines féministes avaient déjà occupé le terrain bien avant elles et que tant de cosmopolitains et de tenues foudroyantes noient le ton libertaire sous un trop-plein de make-up. Pourtant, Sex and the City n’est pas une nouvelle forme de féminisme, «mais traduit des changements importants en matière de sexualité et d’identité chez les femmes aujourd’hui», confie Magda, une féministe lausannoise. «Grâce à leur statut et leur position dans la société, de nombreuses femmes ont acquis le pouvoir de dire «non» et refusent de se soumettre là où leur mères n’ont probablement pas eu d’autre choix», continue-t-elle. Aux Etats-Unis, d’autres voix ont loué l’apparition à la télévision de modèles féminins qui ont décidé d’être libre et de se fabriquer une existence telle qu’ils la souhaitent et non pas telle qu’elle est encore souvent imposée par la société. Ainsi Magda précise son étonnante surprise de voir sur le petit écran une production américaine «en porte-à-faux total avec le discours et les valeurs transmises par le Gouvernement Bush».
Dans le livre-rétrospective Kiss and Tell, publié aux Etats-Unis à l’occasion de la diffusion de l’ultime épisode, le créateur et producteur Darren Star déclare: «Ces personnages sont comme un grand nombre de femmes aujourd’hui qui ne sentent plus la même pression sociale sur le mariage ; elle se concentrent en partie sur leurs carrières. Donc leur chemin passe beaucoup plus par la connaissance de soi-même et le développement personnel que par autre chose. Si elles se marient, tant mieux, mais si elle ne se marient pas, encore mieux. L’un des grands messages du show est qu’il est tout à fait acceptable pour une femme d’être célibataire.» Ainsi les producteurs et écrivains de la série se félicitent d’avoir reflété aux travers des saisons la plupart des thèmes qu’ils souhaitaient soulever. «Dans les séries actuelles, écrit Michael King, producteur et réalisateur, les personnages sont souvent très caricaturaux et figés. Nous essayons au contraire de bousculer nos personnages comme la vie nous bouscule parfois. En général, l’héroïne d’une série ne peut pas avoir une liaison et tromper son ami, mais chez nous, elle le peut, elle le fait et doit l’assumer.» Et Sarah Jessica Parker, devenue également co-productrice, de rajouter: «Je n’avais jamais lu un script qui parlait de manière aussi honnête de la vie affective d’une femme, c’est ce qui m’a attirée dans ce projet.»
Il existe peu de séries télévisées qui ont su capter avec une si grande justesse l’esprit de leur temps au point qu’elles se sont imposées comme référence culte d’une génération. Parce que ses créateurs et interprètes n’ont pas eu peur de nous secouer dans nos interrogations d’adultes en perpétuelle évolution, Sex and the City fait partie de celles-là. Si la fin est proche pour Carrie l’attachante anthropologiste, Miranda l’inégalable voix un rien cynique, Charlotte l’indispensable positive et Samantha l’inimitable femme libérée, leur amitié restera pour certains d’entre nous comme la part fantasmée des vies que nous nous construisons. Thanks girls!