«Dieu a le cœur de l’homme entre ses doigts…»

Souhaitant «témoigner de sa foi et non juger», Ouardiri a soigneusement éludé les questions sur la condamnation coranique de l’acte sexuel entre hommes et l’application de la Sharia par plusieurs régimes islamiques à l’encontre d’homosexuels. De fait, il s’est souvent montré à l’écoute de ses interlocuteurs. Ainsi lorsqu’il est repris sur sa référence à l’homosexualité comme un «choix» et qu’on lui rétorque «Qui choisirait d’être homosexuel?», il admet que l’argument ne le laisse pas insensible. Peu après, il évoque toutefois des amis homos qui, dit-il, «sont rentrés dans la norme». De même, en expliquant sa pratique des cinq «piliers»: profession de foi, prière, pèlerinage, aumône et jeûne, il insiste sur leur dimension d’exigence personnelle: «interdit civilisateur», «défi contre son propre ego», «maîtrise de nos sens et de nos mœurs». Un discours qui a des accents de prêche… à l’intention des gays d’origine arabe présents autour de la table?

Lorsque l’un des participants, d’origine algérienne, se lance dans une discussion animée sur l’interprétation de certains hadiths (ces traditions orales si importantes pour la théologie islamique) et raconte comment à partir de traditions et textes saints tels que «Dieu a le cœur de l’homme entre ses doigts et il le tourne comme il veut», il se construit non sans peine comme musulman et gay… Ouardiri lui répond avec un sourire qui cache une certaine impatience: «Ce n’est pas d’orientation sexuelle que ces textes parlent, affirme-t-il… mais je n’ai pas envie de te mettre en porte-à-faux». Il finit par lui lancer: «Viens à la Mosquée et tu en parleras.» Poliment mais fermement, le jeune homme répond qu’il n’en est pas question.

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