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Soa de Muse: Trop engagée pour Drag Race?

Soa de Muse: Trop engagée pour Drag Race?
Soa de Muse dans Drag Race France All Stars 2025 ©Jean RANOBRAC - France Télévisions

L'élimination de Soa de Muse dans Drag Race France All Stars dépasse le simple cadre d'une émission de divertissement. Dans un moment de sincérité rare, l'artiste évoque la difficulté de faire du show face à l’actualité mondiale. Une parole forte qui rappelle que le drag reste un art politique, même sur une chaîne de service public.

Jeudi dernier, l’élimination de Soa de Muse dans Drag Race France All Stars a laissé un goût amer. Non pas uniquement à cause de son Snatch Game ou de son look sur le runway — peu importe ce qu’on en pense, on laisse ça à Nicky Doll, sa clique et à Reddit — mais parce qu’un moment rare s’est produit à l’écran: une artiste a avoué ne plus pouvoir faire semblant.

Divertir pendant que le monde s’effondre

De retour dans l’atelier, juste après l’annonce du bottom 2, Soa de Muse lâche, sans artifice:

«Je ne pense pas que je correspond au cadre de cette émission. Je suis trop, entre guillemets, traumatisée par ce qu’il se passe dans le monde aujourd’hui, je n’arrive pas à être juste dans une forme de divertissement.»

Cette phrase résonne bien au-delà de l’émission. Elle pose une question brûlante pour tout·e·x artiste aujourd’hui: comment continuer à divertir alors que le monde s’effondre? Et que faire quand l’espace qui t’est offert refuse que tu en parles?

Dans une interview pour Diverto, Soa précise:

«J’avais mon téléphone le soir, je voyais ce qui se passait en Palestine, au Soudan, au Congo… Ça me rongeait, beaucoup plus que d’habitude. Et dans cette émission où on doit être tout le temps « up », moi je n’y arrivais pas. Je voulais qu’on puisse aussi parler de ça.»

Drag est, et a toujours été, un art politique. Né dans les marges, il parle de genre, de corps, de pouvoir. Et s’il brille aujourd’hui en prime time, sur une chaîne de service public, c’est aussi parce que des artistes comme Soa de Muse ont tenu bon, refusé de se taire, refusé de lisser.
Mais ce succès a un prix: celui de devoir s’adapter au cadre télévisuel. Celui de devoir être “up”, tout le temps. Funny, fabulous, marketable. Et pas trop “lourd”, pas trop “traumatisé”.

L’épuisement d’être “up” en continu

Pourtant, on ne peut plus faire l’autruche. L’ère digitale ne nous laisse aucun répit: génocides, famines, catastrophes climatiques se mêlent à nos feeds entre deux memes et un lipsync de Drag Race. Divertir dans ce contexte n’est pas neutre. Et pour beaucoup d’artistes queer (ou pas d’ailleurs), ça devient mentalement insoutenable de devoir performer sans pouvoir exprimer ce poids.

Drag Race change les choses. Mais…

Il ne s’agit pas de cracher dans la soupe. Drag Race sur France 2, c’est déjà une révolution. Ça permet à des artistes issus de minorités, d’être vues, entendues, valorisées, moins précarisées (du moins, on espère). Ça donne de la visibilité à une culture longtemps méprisée. Mais il est aussi temps d’élargir le cadre. D’ouvrir la porte aux émotions brutes, à la colère, à l’épuisement. Parce qu’être drag ne veut pas dire être clown. Et parce qu’on a aussi besoin d’art qui pleure avec nous.

Où retrouver Soa de Muse prochainement?

– Sur scène au Théâtre de Montreuil à Paris dans Woke, une pièce de Virginie Despentes
– En tournée avec le cabaret La Bouche
– Dans la reprise de Romancero Queer de Virginie Despentes
– Dans son spectacle solo Diaspora, prévu en février 2026
– En tournée dans toute la France avec la Drag Race Live Show dans les Zénith