Paradise City

Anas Sareen, quel est le processus créatif derrière cette série photographique?
Paradise City doit sa naissance à la pandémie: au premier déconfinement, je croisais des personnes âgées, qui, comme moi, sillonnaient la ville seules. Elles étaient toujours parfaitement apprêtées et la lumière estivale révélait les moindres détails, du grain de peau aux vêtements. Cependant, leurs visages étaient déformés par des masques qui venaient marquer leur vulnérabilité. La pandémie avait suspendu le cours normal de la ville, et je voyais ces sculptures, dotées d’une grâce réelle, traverser l’espace urbain en silence. Je me suis donc mis à capturer leurs apparitions avec mon appareil.

Les couleurs sont très marquées dans votre travail, notamment ce bleu très froid, quasi glacial. Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce choix-là?
J’assume complètement le formalisme de mon travail: j’ai besoin d’établir une grammaire visuelle propre, des contraintes qui me guident. Ici, c’est l’utilisation du flash en plein jour, de contre-plongées très fortes et une saturation bleutée qui subliment la personne. Derrière cela, il y a aussi une parenté avec une certaine histoire de la photographie: d’abord WeeGee qui, dans les années trente, éblouissait mafieux et stars de son flash à magnésium dans la nuit new-yorkaise. Et puis Diane Arbus, qui a toujours un regard vif et tendre sur ses sujets.

Sur quels autres projets travaillez-vous?
Je tourne cet hiver mon premier court-métrage de fiction. Et puis je commence à écrire un long-métrage, un polar qui s’appellerait Good People… L’été prochain, je continuerai à peupler Paradise City avec de nouveaux personnages et je réfléchis à une première expo de la série.

Publié par

Robin Corminboeuf

Rédacteur en chef

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