Greta salue le monde

Il était un temps où leurs prototypes erraient dans les rues de San Francisco. Il était une fois… et ce temps a passé mais l’Europe (qui adore faire la maligne historiquement cultivée en rejetant par principe tout ce qui émerge de chez les gentilles américaines) finit toujours par racler les fonds de poubelle pour nous ramener, l’air de rien et un à un, leurs trucs les plus barbants avec armes, bagages et accessoires.

Les « Toys and Dolls » ont débarqué. Ils sont disponibles en modèle mâle et femelle ; pour vous jolis touristes et partout de Genève à Berlin en passant par Lisbonne où ils inaugurent leurs boutiques soi-disant vintage qui ressemblent à un cil près aux boîtes à gadget stupides (pour qui ne veut rien voir d’autre que lui dans toutes ces villes qu’il ne découvrira jamais, ou pour celles qui croient avoir inventé la frange et se prennent pour les petites filles de Betty Page en se faisant tatouer-piercer-brander ou solder en ligotage et suspensions décoratives dans des soirées demi-gothiques).

Ils pourraient être les voisins de palier de nos apprentis artistes locaux soigneusement dépeignés qui rejettent la Star-Academy en démontrant preuves à l’appui que celle-ci leur a piqué leurs lunettes Gucci et slips bariolés sortis tout droit de chez H&Machin. Des voisins en noir et blanc avec en prime, chez le modèle femelle, une côte en moins pour serrer plus fort le corset quand l’anorexie ne suffit plus à aligner la silhouette sur l’archétype d’origine (que « Toy » croit pouvoir aisément reproduire en japonisant ses créatures pour faire contemporain).

On giflerait bien cette lassante poupée au regard plus morne que celui d’un poisson pétrifié, histoire de voir si ça réagit encore et s’il reste un zeste de vie sous sa queue-de-cheval (qui ne s’allonge même pas quand on tire sur la ficelle, comme chez la Barbie qui lui sert de référence) et on lui souhaiterait rien de moins que de glisser du plat de ses semelles compensées sur le pointillé de déjections que son chihuahua dépose précieusement dans les rues du Bairro Alto à peine rénovées ou au pied de l’antique Rialto pendant qu’elle remet en place la mèche rebelle qui s’était échappée de très rectiligne désespérance de son horizon frontal. À défaut de lui porter bonheur, ça pourrait nous faire sourire et ça, c’est toujours bon pour nos hormones. Alors, comme je le dirai bientôt et en latin dans mon album à paraître: « Hâte-toi lentement, troupeau servile ; l’art est long, la vie est brève ».

NB: Pour de plus amples informations sur les «Toys and Dolls» originels,
se référer au n°0 de «Vilaine», disponible on ne sait où mais en tout cas bientôt sur www.gretagratos.com

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