Avec un soin particulier porté aux voix féminines et queer, et un équilibre réfléchi entre créations locales et propositions internationales, la Comédie de Genève affirme encore une fois sa place comme haut lieu des arts vivants progressistes en Suisse romande.
De Vimala Pons à Rébecca Chaillon, de Mario Banushi à Catol Teixeira, la saison 2025–2026 s’ouvre à une pluralité d’esthétiques, de langues et de luttes. Voici nos sept coups de cœur (et quelques bonus) à ne surtout pas manquer.
1. Honda Romance de Vimala Pons
Du cirque pour nos tempêtes intérieures
➡du 23 au 28 septembre 2025
Avec Honda Romance, Vimala Pons signe une exploration intérieure mêlant cirque, musique, chant et déséquilibres émotionnels. Portée par une équipe plurielle et les compositions de Tsirihaka Harrivel et Rebeka Warrior, la pièce donne forme au chaos de la pensée et aux ajustements perpétuels qui sculptent nos vies. Un spectacle hybride, troublant et intensément sensoriel.
2. No Yogurt for the Dead de Tiago Rodrigues
Carnet vide, fantômes bavards
➡ du 5 au 8 novembre 2025
Le directeur du Festival d’Avignon présente une création au titre mystérieux. À la mort de son père, Tiago Rodrigues découvre un carnet quasi vide. De ce silence naît une pièce-labyrinthe sur le deuil, la mémoire et les récits qu’on laisse derrière soi. Entre théâtre documentaire, onirisme et comédie musicale, une plongée sensible dans les absents qui hantent la scène.
3. Occupations de Séverine Chavrier
Désirs féminins et résistances intimes
➡ du 19 au 23 novembre 2025
Portée par des textes de Marguerite Duras, Annie Ernaux ou Constance Debré, Séverine Chavrier cartographie les zones troubles du désir féminin, entre passion, abandon et réappropriation corporelle. Dans une mise en scène qui mêle littérature, numérique et quotidien, Occupations explore les politiques de l’amour et les formes de résistance féministe qui ne crient pas toujours leur nom. Une création majeure, qui représentera La Comédie au Festival d’Automne à Paris.
4. Coup de Grrrâce du collectif GeneVegas
Une dernière dance pour une décenyx de drag révolutionnaire
➡ 28 novembre 2025
Après 10 ans de fêtes, de paillettes, de colères et de strass, le collectif GeneVegas tire sa révérence dans une soirée apothéose à la Comédie. Cette ultime performance célèbre l’exiTRANSialisme, la fluidité des genres et le drag sous toutes ses formes les plus audASSes. Entre DJ sets, performances et explosions de glAMOUR queer, c’est le bouquet final d’une ERA qui a façonné la nuit romande et la culture drag et camp helvétique. Une claque artistique, subversive et inoubliable.
5. Oracle de Łukasz Twarkowski
Alan Turing remixé en rêve techno-queer
➡ du 2 au 5 décembre 2025
À partir de la vie d’Alan Turing, génie brisé pour son homosexualité, Łukasz Twarkowski tisse une fresque multimédia vertigineuse, entre biopic, science-fiction et rave philosophique. Un spectacle total sur la mémoire queer, la tech et les fantômes du futur.
6. Whitewashing de Rébecca Chaillon (Focus Créatrices)
Blanchir les sols, blanchir les corps
➡ du 6 au 10 janvier 2026
Rébecca Chaillon est une des figures les plus puissantes du théâtre queer-afro-féministe contemporain. Avec Aurore Déon, elle met en parallèle le travail d’une femme de ménage noire et les injonctions à la dépigmentation. Cette performance courte et puissante interroge le racisme systémique, les corps invisibilisés, et les violences intériorisées. Un geste artistique radical, à la fois intime et politique.
7. Taverna Miresia – Mario, Bella, Anastasia de Mario Banushi
Néons balkaniques et fantômes familiaux
➡ du 11 au 13 mars 2026
Sous l’enseigne d’une taverne albanaise, Mario Banushi convoque souvenirs d’enfance, deuil paternel et identité migrante. Entre théâtre musical, performance et rêverie, il explore les silences familiaux et les absences qui façonnent une vie. Une pièce intimiste et poignante, portée par une esthétique entre hallucination et quotidien.
Bonus: 3 autres spectacles à ne pas manquer
Le voyage de la Vénus noire de Alice Diop (Focus Créatrices)
➡ du 8 au 11 janvier 2026
Première création scénique pour la réalisatrice de Saint Omer. Une plongée dans l’histoire coloniale, le corps exposé, la mémoire.
Pour un temps sois peu de Laurène Marx
➡ du 27 mars au 2 avril 2026
Seule-en-scène trans et rageuse, qui mêle poésie, militantisme et humour noir. Un bijou de sincérité.
The Tongue (titre de travail) de Catol Teixeira
➡ en juin
Création en chantier autour de la langue, de l’identité, du désir queer et pratiques artisitique entre voguing, cirque, ballet, etc… Ce sera à suivre de très près.
Une scène qui voyage
La Comédie repousse les murs de sa salle: plusieurs spectacles sont présentés hors-les-murs, avec un transport inclus dans le prix du billet. Une manière de vivre le théâtre autrement, et de désacraliser la sortie culturelle en la rendant accessible, collective et mobile.
