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Le meilleur des mondes de Chad McCail

L’artiste écossais explore les liens entre le totalitarisme et la répression sexuelle. Au Mamco, il propose l’avènement d’une société libérée des contraintes.

Sous le titre générique «Tour détours de Babel», le Mamco propose douze expositions et renouvelle l’accrochage de ses quatre étages. Parmi les présentations monographiques, celle de Chad McCail se distingue par son mode de présentation entièrement conçu par l’artiste et résolument autonome. Un dispositif de panneaux en bois et de bancs fabriqués pour l’itinérance occupe donc provisoirement le Loft Don Judd et une salle contiguë sans rien devoir à l’architecture. Cet arrangement rappelle les expositions didactiques et militantes, faciles à installer de foires en salons. Seules, par deux ou déployées en triptyques, ces cimaises induisent une perception d’ensemble, redessinent l’espace et transforment la circulation. Chacune d’elle est le support d’un panneau illustré. Ces compositions historiées et légendées racontent différents épisodes de l’histoire de l’humanité. Ce récit complexe s’enchaîne et s’enrichit de station en station. Eminemment symbolique, ce livre géant décrit de chapitre en chapitre comment nos désirs se transforment sous la pression du pouvoir.
Les protagonistes sont de diverses natures. Les humains sont représentés à tous les âges de la vie. Les animaux domestiques, chiens et chats, côtoient le serpent, figure chrétienne de la tentation et représentation de l’énergie tantrique. Les figures fantastiques de robots et de zombies appartiennent aux forces du mal, sont du côté du pouvoir et de la frustration. Graphiques, flèches, dagues, éclairs et autres symboles parlants décrivent les relations affectives et émotionnelles qui unissent et séparent les protagonistes. Enfin, les formes géométriques, coupes terrestres ou cosmiques, fenêtres, bulles et bandeaux colorés, distribuent, regroupent ou distinguent scènes principales et secondaires. Cette esthétique emprunte aux différents registres du vocabulaire de la communication visuelle. Elle doit au panneau informatif et explicatif, au message de prévention médicale et à l’affiche de propagande. Elle évoque encore le manuel scolaire, la bande dessinée ou le recueil illustré. Ces compositions naïves et futuristes dont les personnages stylisés reviennent sans cesse sont au service d’un discours. Reste à s’y plonger pour en percevoir le sens.
Cette lecture demande du temps, c’est pour cela que des sièges sont prévus. Une brochure disponible à l’entrée fournit aussi des clés, présente les acteurs, décrit la trame générale de cette épopée humaine. Par un vocabulaire et un univers très personnels, Chad McCail prône la libération des mœurs. Il dénonce le refoulement du désir et la surveillance de l’activité sexuelle. Il présente sur un mode allégorique et imagé les rouages bien huilés d’une société dont les règles nous modèlent sans même que nous en soyons toujours conscient. Inhibition, dissolution des solidarités entre semblables, association de la sexualité à la violence, programmes éducatifs contraignants, transmission des peurs et des modèles dominants sont autant de facteurs qui permettent à une élite de maintenir ses pouvoirs et ses privilèges.
Chad McCail propose l’avènement d’une société utopique où chacun pourrait vivre en harmonie avec les autres sans réprimer ses propres désirs. Premier acte d’une nécessaire prise de conscience, l’exposition permet à chacun de mesurer le degré de conditionnement dont il est victime pour parvenir à accepter ses désirs et s’accomplir véritablement dans une vie pacifique en communauté. Ce programme réaffirme que l’art ne relève pas uniquement de questions esthétiques mais constitue une force de proposition politique et un moyen parmi d’autres pour repenser l’organisation de notre société.

L’exposition Snake de Chad McCail présentée au Mamco, 10 rue des Vieux-Grenadiers est ouverte du mardi au dimanche jusqu’au 9 mai.