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Filles, sexe and sun

Ce mois se tient le premier rassemblement festif lesbien en Allemagne, le L Beach festival, inspiré du Dinah Shore américain. 4000 femmes sont attendues pour trois jours de fête autour d’une piscine. Dérive commerciale ou évolution positive?

«J’ai l’impression d’être dans un de ces reportages à la con de M6 sur les vacances de la jet-set à Ibiza. Soleil et discothèque. L’opium du peuple. Comme le creux très creux d’une vague. J’ai droit à une scène des Bronzés, version marketing. Des filles à poil sont peintes aux couleurs de la bière Miller Lite (…) Je ne sais pas à quoi ressemblait le Dinah Shore il y a 20 ans. Mais aujourd’hui, il me transforme surtout en cible marketing. Je suis au marché de la viande, marquée comme un veau texan. J’ai envie de devenir végétarienne.» Voilà ce qu’on peut lire sur le blog «Les filles de Dinah» de Céline Au-cher, journaliste française lesbienne expérimentant son premier Dinah en 2007(*). Trois ans plus tard, Céline se souvient s’être «marrée en regardant ça d’un ?il critique» mais n’y voit encore «qu’un truc vide» où elle n’a aucune envie de retourner. Pourtant la Mecque des lesbiennes américaines qui fête ses 20 ans début avril attire 15000 femmes chaque année avec son cocktail piscine, golf, bikini, soirées et drague. Que pour les filles bien sûr.

Music, girls, fun & holidays
La vague des rassemblements festifs, glamour et lesbiens déferle aussi depuis peu sur l’Europe, tous calqués sur le Dinah. Barcelone a créé le Girlie Circuit en 2008, et la côte baltique allemande accueille mi-avril son premier L-Beach festival (voir interview) où sont attendues 4000 filles venues d’Allemagne ou d’ailleurs. Mot d’ordre: music, girl, fun & holidays. La mer baltique en avril c’est pas aussi hot que le désert californien mais sous la coupole de la piscine tropicale de Weissenhaüser Strand, on annonce une température constante de 30°. «Je trouve ça super que ce ne soit réservé qu’aux filles. Enfin un lieu où on n’aura pas besoin de se cacher. Des fêtes, de nouvelles rencontres, une piscine, que demander de plus?» se réjouit Barbara, 35 ans, qui se déplacera de Cologne pour l’occasion.

Cible marketing
Dans son dossier de presse le festival allemand parle de «groupe cible» et mentionne les 438 000 lesbiennes de 20 à 49 ans vivant en Allemagne. Le marché des lesbiennes serait-il devenu aussi alléchant que la cible marketing gay? C’est la leçon qu’on pourrait tirer du Dinah Shore qui depuis 20 ans, rassemble des milliers de lesbiennes dans un cadre luxueux et bling bling où le pass VIP se négocie à 1000$, les bénéfices se comptent en millions de dollars, et les icônes de la scène lesbienne accourent. L’an dernier Lady Gaga y a fait un détour, et pas une édition sans une actrice de L World. «Pour le Dinah Shore, Jésus Christ s’appelle L Word. Il y a un avant et un après. Comme si la série télé avait fait franchir une étape décisive à l’événement, le transformant définitivement en bacchanale à la mode, attirant des sponsors qui trouvent là une nouvelle niche marketing. La niche des filles qui en pincent pour les filles», écrit Céline sur son blog. Le L Beach l’a bien compris qui fera venir en Allemagne l’actrice Leisha Hailey.

Entre soi et glamour
Point commun à tous ces rassemblements: militantisme et féminisme sont volontairement mis de côté. Au L-Beach festival il y aura bien des soirées cinéma, mais l’accent est mis sur la piscine tropicale, les pool party et les concerts. Le «fun» a remplacé les discussions politiques. «Ces rassemblements ont comme base l’amusement et la drague, par des biais très commerciaux, à l’image du monde de L World», analyse la sociologue et anthropologue Natacha Chetcuti.
Mais selon elle, l’entre-soi témoigne aussi d’une «nécessité de se rencontrer dans un contexte soustrait au regard des hommes où les filles se sentent au plus près d’elles-même.» Une manière de renouveler le genre des rassemblements non mixtes, jusque-là réservés aux militantes? «Traditionnellement ils étaient très liés au féminisme, pas vraiment glamour. Là ça touche une autre frange des lesbiennes qui ne se sentent pas forcément une fibre féministe», souligne Stéphanie Arc, journaliste, militante à SOS Homophobie et auteur de «Les lesbiennes» (**). Alors finis les week-ends lesbiens féministes et militants avec stands d’informations, classées ringardes les virées entre filles en gîte de montagnes? «Tous ces rassemblements restent très chers et ne touchent pas toutes les lesbiennes. Ça ne va pas supplanter les week-end fondue», s’amuse Stéphanie Arc qui compte quand même bien se rendre en juin au bord de la piscine de la WGO, mini Dinah Shore à la française sur la côte atlantique. «Pour voir», dit-elle. Stéphanie Pichon

* http://celineaucherdinah shore.blogspot.com
** «Les Lesbiennes», Stéphanie Arc, coll. «Idées reçues», éd. du Cavalier bleu (2e édition).

Les prochains rassemblements lesbiens
> Dinah Shore – Palm Springs, Etats-Unis
31 mars – 4 avril. www.thedinah.com www.dinahshoreweekend.com
>Sappho Spring Festival – Lesbos, Grèce
Du 13 – 28 mai. www.sappho-festival.com
> Girlie Circuit – Barcelone, Espagne
31 juillet – 8 août. www.circuitfestival.net
> WGO – Carcans-Maubuisson, France
19 – 20 juin. www.lapremse.fr

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