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«Adopter un enfant handicapé n’est pas une opportunité de seconde zone»

«Adopter un enfant handicapé n’est pas une opportunité de seconde zone»
Photo: Instagram @trapaluca

Gay et célibataire, Luca Trapanese a choisi de devenir papa d'une fillette ayant le syndrome de Down. Une «vocation», pour ce Napolitain, qui raconte son expérience dans un livre.

Elle a les yeux bleus, des cheveux très blonds et un rire communicatif. Voilà dix-huit mois qu’Alba est arrivée dans la vie de Luca Trapanese, devenu son papa quelques semaines après sa naissance. Ce célibataire napolitain de 41 ans a adopté la fillette après que sept couples en attente on refusé le dossier, sans doute effrayés par le fait qu’Alba a le syndrome de Down, autrement dit elle est trisomique.

«Je n’avais aucune peur d’adopter un enfant handicapé. C’est une idée qui a mûri longuement avec mon compagnon Eduardo, dont je me suis séparé», a expliqué Luca au «Corriere del Mezzogiorno» le mois dernier. «Un enfant handicapé, ce n’était pas une occasion de seconde zone, c’est un choix conscient au regard de ma vocation et de mes capacités.» De fait, l’Italien avait des arguments pour convaincre la justice qu’il serait un bon papa. Il travaille depuis l’âge de 14 ans auprès de personnes handicapées et a contribué à fonder A ruota libera (En roue libre), une association pour les jeunes porteurs du syndrome de Down, ainsi que des résidences et ateliers pour leur insertion sociale et professionnelle.

Se lancer tout de suite
Le rapport entre père et fille s’est forgé très vite. «C’était un 27 juillet quand je l’ai vue la première fois. Une énorme émotion. On m’a dit tout de suite de la changer, ce que j’ai fait. Elle était adorable. Maintenant elle est un peu plus turbulente, mais ce n’est pas une pleurnicharde, elle est joyeuse. La première nuit, on l’a passée les deux, parce que j’ai pensé que je devais me lancer tout de suite. Sinon, j’aurais demandé l’aide des amis et de la famille. Par contre, pour le premier bain, on était une armée. Beaucoup d’amis et de membres des associations voulaient la voir et célébrer ce moment.»

«Des mères me disent que j’ai de la chance, car je n’ai pas eu ces premiers moments difficiles où l’on doit accepter le handicap»

«Des mères me disent que j’ai de la chance, car je n’ai pas eu ces premiers moments difficiles où l’on doit accepter le handicap. Quand un enfant arrive, on a tellement d’attentes, on veut qu’il soit meilleur que soi, qu’il fasse de grandes choses… Le handicap détruit ces attentes, il est perçu comme une défaillance génétique.» Aux yeux de Luca, Alba est une enfant «tout ce qui a de plus normale», qui grandit auprès de son papa, mais aussi de nombreuses figures féminines: sa tante Luisa, sa marraine (une des meilleures amies de Luca, et aussi la coordinatrice d’A ruota libera), sans compter ses deux grands-mères. Deux? «Il y a quelques temps, explique Luca, j’ai été adopté officiellement par une dame qui a un fils handicapé, qui est ainsi devenu mon frère. Elle tenait à ce que je m’occupe de lui quand il serait seul.»

Potentiel
Luca Trapanese a raconté ses premiers mois de son «métier de papa» dans un livre sorti il y a quelques mois en Italie, «Nata per te» («Née pour toi»). Il y exprime sa conviction qu’Alba aura une belle vie. «Je savais dès le départ que les Down sont généralement heureux, joyeux, enjoués, positifs. Ils se parlent souvent et se débrouillent seuls. On est loin aujourd’hui du cliché des ‘mongoloïdes’. Ils travaillent, font de l’orthophonie, sont suivis dans leur psychomotricité, ils ont un potentiel à développer.» Selon lui, Alba pourra faire «mille choses»: «Elle aime déjà chanter et danser. Elle ira à l’école, elle aura des amis et je la soutiendrai.»

Et en attendant, ce n’est pas un peu difficile de trouver un partenaire, quand on est accaparé par sa vie de papa? Luca rigole: «En tout cas, si je le trouve, ce sera le bon, car il aura pris tout le paquet!»