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Voyages hypnotiques

Voyages hypnotiques

L’hypnose fascine autant qu’elle effraie. Parce qu’elle touche à l’inconscient, sa force est sans limite. Sait-on pour autant vraiment ce qu’est cette technique thérapeutique ? Rencontre avec une spécialiste du genre, Sandra Korol.

«L’hypnose, c’est à la fois un état modifié de conscience dans lequel on se met ou on nous met, une manière différente d’être à soi-même aux autres et au monde, et la technique thérapeutique qui permet d’atteindre cet état.» La coach et hypnothérapeute, Sandra Korol, l’explique clairement, l’hypnose est avant tout une pratique psychothérapeutique développée par des thérapeutes pour leurs patients. Si l’on peut en retrouver des traces en Mésopotamie, 6000 ans av. J.-C., c’est au milieu du XVIIIe siècle, que sa pratique se popularise sous sa forme moderne. Son principal objectif: «s’aligner avec la partie profonde de notre esprit, qui a le pouvoir de faire changer les choses, d’améliorer des comportements et d’augmenter notre conscience autant que la compréhension du monde dans lequel je suis.» Le programme semble inspirant, pourtant, difficile de ne pas sombrer dans des peurs véhiculées par des croyances, celles de l’hypnose comme technique de contrôle, de manipulation au cours de laquelle le sujet perdrait toute forme de volonté et de conscience.

«Dans l’expérience, la personne est complètement présente, juste différemment. Il ne s’agit pas d’être absent à soi-même.»

«Les gens ont peur de l’hypnose car dans l’imagerie commune, ce sont des jeux d’influence et de pouvoir, des moqueries, comme si l’on perdait toute forme de volonté sur soi-même, et tout souvenir de l’expérience. L’hypnose thérapeutique n’a rien à voir avec les spectacles, plus proches de la prestidigitation, de l’illusion imposée. En fait, dans l’expérience, la personne est complètement présente, juste différemment. Il ne s’agit pas d’être absent à soi-même.» Il est en outre indispensable qu’une relation de confiance existe entre le thérapeute et le patient pour que le voyage puisse se faire dans les meilleures conditions. Alors, seulement, le vrai travail peut commencer et les résultats parler d’eux-mêmes.

Ce travail inclut un troisième partenaire indispensable: l’inconscient. «C’est la partie immergée de l’iceberg. L’inconscient est un agglomérat fait d’apprentissages, de mémoires, d’héritages, de fonctionnements automatiques.» Ces éléments peuvent relever du merveilleux comme du plus problématique. Et c’est précisément à la transformation de ces zones d’ombre que l’hypnose peut être une solution. Il ne s’agit pas d’effacer une mémoire à l’origine d’un comportement, par exemple l’addiction à la cigarette, mais de comprendre la source inconsciente du phénomène, afin de proposer une autre solution de remplacement, dont la conséquence directe serait l’arrêt de la cigarette. Autrement dit, si l’on a commencé à fumer adolescent pour être cool et créer des liens sociaux, il est possible de trouver une autre voie inconsciente plus authentique qui crée le même résultat, sans passer par la cigarette. «Si j’essaie d’arrêter de fumer juste pour des questions de santé, ça ne va pas fonctionner. Tandis que si je retourne à la source de ce qui a mis en place ce comportement et que je demande à cette partie profonde de moi quelle était l’intention positive derrière ce comportement, l’inconscient collabore et propose autre chose.»

Tout le monde est hypnotisable
L’hypnose peut aider tout le monde. Il s’agit toutefois d’user de prudence face à des troubles psychiques. Il relève alors de la responsabilité du thérapeute de prévenir le risque avec une anamnèse complète en amont du traitement. Quant à savoir si tout le monde est hypnotisable, la réponse est oui, ne serait-ce que, «parce que plusieurs fois par jour, on se met tout seul dans un état modifié de conscience. L’expression du langage commun «être fasciné, hypnotisé» en est la preuve. La seule différence relève de l’implication que l’on va y mettre. Le but n’est pas d’aller contre la volonté des gens. Il est plus utile de comprendre pourquoi l’on n’y croit pas.»

Si l’on ose entreprendre un voyage hypnotique, sa puissance se révèle sans limites autant que d’une importance véritable. «L’hypnose permet d’investiguer et de réinvestir les territoires de l’imaginaire et de la fantaisie grâce à notre inconscient qui nous montre un autre chemin. Elle amène de la lumière dans les zones d’ombres en nous faisant voyager dans des paysages qui existent hors du binaire. Dans ces endroits, il n’y a ni victimes, ni bourreaux. L’hypnose génère une poésie personnelle indispensable, car aujourd’hui nos terrains de vacuité sont envahis par l’imaginaire des autres. Un réseau social, c’est l’imaginaire des autres. Actuellement, au moindre ennui, chaque recoin disponible va être rempli d’autre chose, alors que nous devrions laisser notre imaginaire grandir pour enfin aller à la rencontre de nous-mêmes.» L’hypnose est une démarche pacifiste en réponse à la crise identitaire qui touche le monde, une voie pour libérer définitivement nos territoires occupés.

» Sandra Korol est coach et hypnothérapeute diplômée basée à Lausanne: sandrakorol.com et labcoaching.net