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Des genres et des vêtements

La Haute école d’art et de design de Genève fête ses 10 ans. L’occasion de s’intéresser au travail de ses jeunes talents comme celui de la designer de mode Xenia Laffely.

«Le vêtement est un thermomètre de son époque», affirme Xenia Laffely, diplômée depuis juin 2016 d’un master en design mode et accessoire à la HEAD. A l’heure où les habits sont encore très catalogués homme ou femme, la jeune styliste n’a pas hésité à flouter les limites. Lors de son travail de diplôme de fin d’année, elle a présenté une collection de vêtements et d’accessoires pour homme inspirée notamment de la garde robe de célèbres femmes artistes. Un projet audacieux et très remarqué qui colle bien à la personnalité de Xenia Laffely.

A 31 ans, elle se défini volontiers comme une «touche-à-tout». Après des études en Lettres à Lausanne, elle décide de se diriger vers la mode en s’inscrivant à la HEAD. Puis, son bachelor en poche, elle part deux ans à Londres et à New York où elle réalise des stages dans le domaine de la mode. De retour en Suisse, elle poursuit sa formation et décroche son master en juin 2016. Outre des vêtements, elle créée aussi des bijoux, des accessoires et de la céramique. Autant de support qu’on retrouve, en partie, dans sa collection pour homme qu’elle a baptisé: Psycho slut – Wicca bitch, We are not angry, Just self-reliant. «Ce titre exprime l’autonomie, la liberté et l’absence d’agressivité», détaille la jeune femme. Un slogan qu’elle a bricolé à partir de mot et d’expressions glanés auprès des muses de sa collection.

Photo: Aurore Bonami
Photo: Aurore Bonami

Louise Bourgeois, Marguerite Duras, Buffy ou encore Simone de Beauvoir sont quelques unes des artistes qui ont inspiré Xenia Laffely. Parmi elles, plusieurs féministes et écrivaines qui ne sont pas sans rappeler l’amour des mots de cette diplômée en Lettres. «J’ai imaginé que ces femmes vivaient ensemble et que les hommes devenaient leur bannière et leur muse, raconte la styliste. Pour ce, j’ai fait une recherche iconographique en mélangeant leur vestiaire, le mien et celui des hommes.» Le résultat est une collection qui se décline sous forme de patchwork de tissus imprimés et brodés. Parfois on peut y distinguer des mots, d’autres foisdes dessins au crayon. Et puisqu’il est aussi question de patchwork d’identités et de genres, la styliste n’a pas hésiter à faire enfiler à ses modèles masculins, l’un des emblèmes du vêtement féminin: la jupe.

HOMME EN JUPE
«Les femmes se sont battues pour porter des pantalons alors que les hommes ne peuvent ou ne veulent toujours pas porter de jupe, précise la designer. Historiquement, elle a toujours été le vêtement du faible, c’est à dire de la femme et de l’homme d’église. Finalement ce qui est toujours mis en avant c’est la référence masculine. Moi j’aimerais revaloriser le vêtement féminin». Et c’est en passant par l’homme que Xenia Laffely véhicule son message. Un recours original et efficace qui vise davantage à mettre les genres féminins et masculins sur un pied d’égalité plutôt qu’à les faire s’affronter.

COMME UN MANIFESTE
«Pour moi le féminisme est avant tout un élan de liberté qui sert les deux sexes parce que les hommes ont peu de liberté aussi. Je pense par exemple au congé paternité.» Derrière l’approche esthétique, la créatrice se sert aussi de la mode comme outil pour faire évoluer les mentalités. «Pour ce projet, j’ai crée deux couvertures sur lesquels apparaissent le slogan de ma collection, ajoute la jeune femme. Elles ont une dimension de Manifeste.» Deux pièces qui continuent d’ailleurs à nourrir la créativité de la styliste. En plus d’animer des ateliers artistiques pour enfants dans des musées suisses, elle travaille actuellement sur une collection de couvertures. Elle souhaiterait les offrir à des artistes femmes d’aujourd’hui qu’elle admire. Façon peut-être de boucler la boucle et de rendre hommage à ses muses.