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Il ne me touche presque plus

C'est dans un discret coin de café que je rencontre Géraldine. Elle a découvert notre chronique «Parle-moi de sexe» par hasard, grâce à un ami. Elle a alors tout de suite pris contact avec nous pour partager son histoire. Un secret que cette femme de 34 ans garde depuis bientôt deux ans.

«Je suis en couple depuis 6 ans avec un homme que j’aime, mais depuis 2 ans, il ne me touche presque plus. Notre sexualité s’est peu à peu éteinte au profit d’une sorte de tendresse platonique. Mais ça n’a pas toujours été comme cela. Au début, on était très amoureux. On avait toujours envie l’un de l’autre. On se réveillait en pleine nuit juste pour faire l’amour. On était un couple normal avec une sexualité pleinement vécue et épanouie. Je me souviens qu’une fois, on avait tellement besoin de se sentir, qu’on s’est éclipsé chacun du travail une demie heure juste pour faire l’amour chez lui. A chaque fois que je repense à cette période, j’ai envie de sourire et en même temps, ça me fait toujours un peu mal de l’évoquer. Peu à peu le quotidien et la routine ont espacé le rythme de nos étreintes. On a emménagé ensemble au bout de trois ans et je crois que c’est là qu’on a commencé à se perdre sur le plan physique. C’est plutôt lui qui est réfractaire. Mon envie a moi est toujours très présente. Il me sert des excuses bateau du type «je suis fatigué» ou «je suis stressé». Au début, j’ai redoublé d’effort pour que le désir reprenne. Sous-vêtements sexy, surprises, voyages… Mais je sentais que ça ne provoquait en lui que peu d’envie. Je lui ai même proposé de passer par la fameuse case «sexologue» mais il tournait cela en dérision. Il me disait simplement que l’envie était moins forte et qu’il n’y avait rien d’anormal là dedans. Pour lui, c’est dans l’ordre des choses. J’ai donc à mon tour glissé dans une certaine indifférence.

Depuis ces deux dernières années, on couche ensemble en moyenne une fois par mois. C’est supportable parce que depuis ces deux dernières années aussi, j’ai un amant. Je l’ai rencontré au travail. Ça faisait plusieurs années qu’il essayait de me séduire mais je n’y prêtais pas davantage d’attention. Dès que ma relation a commencé à sérieusement battre de l’aile sur le plan sexuel, je me suis rapprochée de lui. J’avais tant besoin de me sentir femme à nouveau, belle et attirante, que j’ai fini par céder à ses avances. C’était un soir, après la traditionnelle fête de fin d’année de l’entreprise. J’avais trop bu. Il était là. Toujours là. Inlassablement là. Il me regardait et me complimentait. C’était facile. C’était comme une tentation constante puisque moi aussi je le trouvais très attirant. Ce soir là, je suis sortie fumer une cigarette dehors et il m’a rejoint. Je me souviens que je l’ai vu arriver dehors et qu’avant même qu’il n’ait le temps de me parler, je lui ai sauté dessus. Je l’ai embrassé. Je bouillonnais soudainement de désir pour lui. Je m’en foutais que nos collègues nous voient. J’avais une telle urgence à aimer et à être aimée que plus rien n’avait d’importance. On a alors quitté la soirée et on est allé chez lui. On a couché ensemble. C’était bien. C’était top bien. Le lendemain matin au réveil, je me sentais mal bien sûr. Il fallait que j’invente une histoire à dormir debout pour que mon mec ne se doute de rien. Et il ne s’est douté de rien je crois. Mais la culpabilité ne m’a pas empêchée de récidiver.

Depuis, j’entretiens une relation régulière avec mon collègue qui est devenu mon amant. Je n’ai pas la force de quitter l’homme avec lequel je vis. Je l’aime et malgré une sexualité presque absente, il m’apporte tout le reste dont j’ai besoin. Nous avons un lien très fort et très riche que je suis incapable de rompre. Je me suis demandé plusieurs fois, si lui aussi n’avait pas une maîtresse. Je crois qu’aujourd’hui, ça ne me ferait plus grand chose de le savoir. Pire, j’espère secrètement qu’il ait lui aussi une relation ailleurs. Le corps a besoin d’exulter. C’est un impératif qui justifie le mensonge selon moi. Je sais que ça peut sembler fou, mais cette double relation me comble. Je ne culpabilise plus. Mon amant sait que je n’ai pas l’intention de quitter l’homme que j’aime et pour le moment cette situation lui convient. J’ai appris, avec le temps, à gérer la part de secret et à m’arranger avec ma conscience.»

Si vous souhaitez témoigner contactez nadia@magazine360.ch