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Nonne ou king, le genre militant

Le 2 mars prochain, Isabelle Sentis sera de passage à Genève où elle animera un atelier Drag King. L’occasion de se pencher sur le parcours et la démarche militante et artistique de cette figure de la culture LGBTIQ.

«Isabelle Salem Diego Sentis», se présente-elle, trois noms, trois identités, trois facettes plutôt. Car depuis une dizaine d’année Isabelle est Soeur Salem sous le voile des soeurs de la perpétuelle indulgence et Diego lorsqu’elle devient Drag King. Un jeu des genres qui lui permet d’aborder plusieurs formes de militances. Une démarche féministe aussi que ces explorations, puisque, en performant le genre, Isabelle Salem Diego le déconstruit, prend du recul par rapport à ce qu’il peut être et le dédramatise.

Soeur de la Perpétuelle Indulgence et Drag King à la fois ? Oui, car ces identités ne sont pas à l’opposé l’une de l’autre et s’inscrivent dans une fluidité des genres toujours plus présente dans la réalité et l’esprit de la «militante performer».

Etre Soeur
Isabelle se définit comme une survivante, elle dont presque tous les amis sont morts du SIDA ou d’overdose. C’est en militant avec Act Up et qu’elle rencontre les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. Elle est tout de suite séduite par le travail des sœurs et leur façon de toucher les gens au plus profond d’eux-mêmes par le côté «spectacle» de leur performance. Il y a une dizaine d’années, le couvent du Nord lui ouvre ses bras et elle «prend le voile». Isabelle devient Sœur Salem de la langue ardente.

Pour elle, la sœur est une sorte de «clown sacré de la communauté». Le travestissement est une clef de son travail : «Il crée un big bang des genres» qui permet d’abaisser les frontières sociales entre genres et ouvre un espace de liberté et d’expression. La soeur incarne aussi une image sociale de la femme comme amenant protection et amour de l’autre. La présence de ces êtres extravagants permet la création de moment de liberté aussi pour les «spectateurs», plongés dans une atmosphère sans contrainte normative. «Avec les soeurs, on crée de la vie.»

Et puis, c’est aussi un moyen de s’autoriser à transgresser les normes, les genres en sécurité. Comme avec le Drag King, d’ailleurs. Ses débuts de soeur coïncident avec ses premières expériences en tant que King.

Etre King
A Bruxelles, lors d’un festival de cinéma, Isabelle participe à un atelier de Drag King. Elle «connaissait déjà la théorie, l’imagerie», mais ne s’était jamais vraiment prêtée à l’exercice. Un atelier de King c’est «beaucoup d’énergie et de bienveillance». Une reconnexion au monde de l’enfance, du déguisement, de la performance de l’imaginaire. Les participantes explorent le genre à la recherche d’un personnage masculin. «Il y a un personnage fort dans l’imaginaire lesbien de la séduction, c’est le dandy. Mais j’avais envie de chercher une autre masculinité.» C’est ainsi que naît Diego, un mexicain ténébreux.

Aussi paradoxal que cela puisse sembler, Isabelle voit la démarche du drag comme une forme de sororité : «La transgression du genre, c’est quelque chose d’assez archaïque qui a toujours existé de manière plus ou moins cachée. Etre King c’est s’inscrire dans la lignée des femmes qui ont franchi ces interdits : les pirates, les soldats, les voyageuses …»

A travers le King, Isabelle performe toutes sortes de masculinités. «C’est intéressant de chercher des stéréotypes masculins éloignés de nous.» L’occasion de questionner les aspects du masculin : la violence, par exemple, lorsqu’elle endosse le rôle d’une petite frappe. «C’est politiquement très incorrect de jouer les racailles, de pouvoir « être » une canaille sans pour autant le faire subir aux autres.» Se mettre dans la peau de ces personnages c’est «une forme d’autodéfense», c’est regarder et se vivre autrement, «c’est du féminisme». La voilà la continuité : être King, être Soeur, tout cela c’est une façon de «se libérer des injonctions, s’autoriser, sans jugement, à créer des espaces d’expressions, d’explorations, à découvrir ses ressources et ses forces.»

Atelier Drag King à Genève

L’atelier Drag King organisé par Lestime sera animé par Isabelle Sentis le 2 mars. Si vous êtes intéressée à participer ou obtenir de plus amples informations contacter Joëlle Rochat, la coordinatrice de Lestime au 022 797 27 14 ou à info@lestime.ch