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Gaye Su Akyol

sam 18 mai, 20:30

Hautes pressions

Parfois, je me dis que, tapi tout au fond de ma chair, doit sommeiller une sorte de gardien, qui ne s’éveille que rarement.

Absorbé dans ses rêves, il semble absent la plupart du temps et, quelle que soit la profondeur de mes tristesses ou l’intensité de mes colères, les mouvements de mon âme ne dérangent pas le moins du monde ses assoupissements. Mais qu’un danger réel, voire mortel, sans s’annoncer à mes côtés surgisse sous la forme d’un choc trop brutal et violent pour que je puisse le supporter et, instantanément, le voilà qui s’éveille, bondit, absorbant tout ce qui pourrait faire entrave et m’empêcher d’agir. Peur, terreur, anéantissement, toute émotion semble disparaître et, bien que je les ressente, en un instant il les aspire pour les emprisonner en un endroit que moi-même j’ignore au plus secret de ma chair. Apparemment froids, mécaniques, comme détachés de toute panique, les gestes se font justes, précis, sans le moindre tremblement. Une étrange concentration alors m’habite, me dédouble, me détache tout en me rassemblant, plus efficace que jamais. Réglé comme un baromètre, mon secret compagnon reste vigilant tant que dans mes ciels intérieurs une trop forte pression atmosphérique risquerait de déclencher une tempête si intense que je pourrais la surmonter. Il connaît par cœur mes rythmes et la durée pendant laquelle il est dangereux pour mon esprit de trop le surcharger. Il attend que mes larmes absentes reviennent, signal pour lui que mes épaules sont à nouveau suffisamment solides pour faire face. Alors, il se retire pour reprendre son somme, me laissant seule pour affronter le désarroi, le stress et les soucis. Je pourrais lui en vouloir de m’abandonner ainsi alors que, encore trop fragile, je ne me sens pas prête. Mais, pour être tout à fait honnête, je dois admettre que, sans lui, je ne serais probablement pas arrivée jusqu’ici.

«L’âme habite un quasi point, où le Je se décide.»

Les cinq sens: Michel Serres