Culture
#Histoire #Littérature

Vieille comme la rue? La prostitution hier et aujourd’hui

Genève, ven 19 avril, 17:30
Culture

Dragâteloises, The Nerd Edition

Neuchâtel, sam 6 avril, 18:30
Community
#Ateliers #networking #Table ronde

BØWIE Awards 2024

Genève, sam 6 avril, 12:00

Désirs d’ennui

Que je le fuie, le recherche, qu'en ses nonchalances il m'entraîne ou que dans ses marécages je m'enlise, il garde intacts tous ses mystères, le bel ennui.

Alors que je le guette, le poursuis, entre mes doigts qui cherchent à le saisir il glisse, impalpable, et se dissout dans l’éther. A aucune de mes lois il n’obéit, ne répond à aucune de mes suppliques, ne se plie à aucune de mes volontés. Sa malice en fait un amant imprévisible qui ne supporte pas plus les règles du duel que celles du combat. Il connaît les chemins les plus secrets qui mènent à mes failles, mes déchirures et s’infiltre, s’insinue, parcours mes labyrinthes pour y tisser sa toile à mon insu. Que mon esprit tente de le rejeter ou qu’il se sente indésirable et le voilà qui pousse, violente, écarte, prend toute la place, se fait grossier, envahissant. Plus irritant qu’un vol de mouches, plus engluant qu’une marée noire, rien ne le stimule plus que ma résistance et mes tentatives de le repousser. Il se rit des mes agacements, ne m’est d’aucune consolation en mes crises et enfonce ses piques au plus profond de mes peines s’il les trouve complaisantes. Il ne pratique ni la pitié, trop avilissante, ni la logique, pour qui il n’a pas la moindre considération. Il n’est que pur désir, ne me veut qu’en abandon et ne se fait amoureux que dans mes lâchers-prise. Patiemment, il attend que mes soupirs se dépouillent de tout artifice, que mes états d’âme se dissolvent sur ma peau pour qu’enfin, vide au cœur du vide, je sois à même de ressentir la douceur de son étreinte. Quels délices alors, quand en mon sein il suspend le cours du temps, que plus rien n’a d’importance, que nous ne faisons plus qu’un.

«Baise m’encor, rebaise moy et baise, donne m’en un de tes plus savoureus, donne m’en un de tes plus amoureus: je t’en rendray quatre plus chaus que braise. Las, te plains-tu? ça que ce doux mal j’apaise, en t’en donnant dix autres doucereus. Ainsi meslans nos baisers tant heureus jouissons nous l’un de l’autre à notre aise.»

Louise Labé

One thought on “Désirs d’ennui

Comments are closed.