Genève

Geneva Pride

sam 31 mai - dim 8 juin
Bäle
#Eurovision

The Super-Gay ESC Party

sam 17 mai, 20:00
Nyon
#live

Safia Nolin + Laura Cahen

sam 26 avril, 20:00

Wash Me Up Before You Gogo

«Vidal Sassoon Wash & Go!» Derrière ce slogan exalté des années 90 se cachait un homme, Vidal Sassoon justement. Décédé le 10 mai à l'âge de 84 ans, il laisse des milliers de garçons coiffeurs inconsolables.

La mèche platine jusqu’à la racine de Marilyn Monroe, les nombreuses perruques extravagantes de sa rivale Jayne Mansfield, le brushing de Farrah Fawcett ou dans un registre plus populo, l’inébranlable carré gonflé de Mireille Mathieu et les extensions capillaires de Britney Spears, avouons-le: les cheveux des stars nous obnubilent. En tout cas un bon nombre d’entre nous. Là où d’autres se piquent de politique, certains homos sont obsédés du tif. C’est comme ça. Dans la culture populaire, on les appelle les garçons coiffeurs. Je vois d’ici les plus susceptibles s’offusquer. Pourtant, non! Si cliché pédé il y a, autant en rire. Pour le contourner, pour se l’approprier et le glorifier, pour être plus fort et intelligent. Comme souvent dans la mythologie autour de l’homosexualité, les clichés vont de pair.

Cliché, cliché!
Ainsi, le garçon coiffeur est assimilé au minet de salon, jouant du poignet dans un décor pastel tout en jacassant avec ses amis emperlousés à la Albin, la reine des abeilles. Le garçon coiffeur est précieux jusqu’au foulard soyeux noué autour de son cou fragile. Ses cheveux aussi exigent un soin particulier, digne d’une Marie- Antoinette des temps modernes. En d’autres termes, c’est la folle. Bête de cirque pour les hétéros, la folle est considérée autant abjecte que les gros et les moches sur les sites de rencontres gays. Au placard, les folles honteuses. Pour être certain de ne pas tomber dans la catégorie de l’homo efféminé, les gays ont opté pour la tondeuse à l’aube des années 2000, ne tolérant pas plus de trois millimètres sur le caillou. Fini les chichis, si ce n’est pour des sourcils bien dessinés et une toison tondue de près sur le torse. Viril d’accord, mais pas sauvage pour autant.

Court et pratique
Pendant ce temps-là, en témoigne l’hilarant tumblr Lesbians Who Look Like Justin Bieber, les clichés lesbiens renvoient à une coupe courte pratique, pour y penser le moins possible et faire des économies sur le sèche-cheveux. Non mais, comme si les filles qui aiment les filles avaient du temps à perdre avec de pareilles futilités! Une casquette de camionneur américain et hop, le tour est joué. Pourtant là aussi, l’image, rassurante pour de nombreux hommes, de la fille frustrée qui s’en remet aux amours saphiques en désespoir de cause a pris du plomb dans l’aile. Avec notamment la série «The L Word», diffusée jusqu’en 2009 sur Showtime. Shocking: l’homosexualité féminine s’y montrait sous un nouveau jour extrêmement sensuel et féminin. Et toc. Donc oui, on a raison de trouver les clichés réducteurs. Et on a encore plus raison de vouloir les combattre, lorsqu’on n’est pas d’humeur à en rire. Même si le prix à payer pour cela est d’en créer des nouveaux. Ainsi va la vie des minorités.