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2012, la fin du monde… hétéro?

2012, la fin du monde… hétéro?

Exclusif: le 21.12.2012 sonnera bien le glas d’un monde et l'avènement d'une nouvelle ère. Oui, mais laquelle? 360° vous révèle la vérité vraie sur un futur d’un nouveau genre.

Solstice d’hiver 2012, un vendredi. La Terre subit un choc spirituel galactique du fait de sa proximité inédite avec Vénus en alignement avec Jupiter et Mars à rebours de la Voie Lactée. La planète encaisse plutôt bien. Certes quelques cyclones balaient les continents, le sol tremble ici, se fissure là, mais assez vite un soupir de soulagement mondial retentit, notre terre continuer à tourner… à un détail près: elle est repartie dans l’autre sens.

Quelques physiciens relèvent cette inversion dans la rotation du globe terrestre sur son axe, mais sans aucune idée de ses conséquences. Du jour au lendemain, il se produit de fait une inversion émotionnelle et biosexuello- cosmique majeure. Par un effet de balancier universel, les règles qui régissent les attractions et pulsions s’inversent. Le mouvement suit celui du soleil qui désormais se couche à l’est et se lève à l’ouest. C’est donc aux Etats-Unis que la modification est à l’oeuvre en premier, avant de gagner la planète.

Euphorie palpable
Au matin du 22 décembre, Barack Obama se lève sans un regard pour Michelle, laquelle s’en fiche éperdument. Comme eux, d’un jour à l’autre des millions d’américains se retrouvent détournés dans leurs attirances avec le plus grand naturel. Lorsque quelques heures plus tard Angela Merkel apparaît aux bras de Christine Lagarde pour annoncer l’œil rayonnant que l’Allemagne se retire de la domination patriarcale, elle trouve un rapide écho chez Nicolas Sarkozy qui s’affiche ouvertement avec Nicolas Hulot pour ses vœux de nouvel an. L’euphorie est totale et palpable, et gagne l’Europe entière. A Bruxelles les députés européens lancent un vaste programme de sortie simultanée du moyen-âge neo-libéral et de l’hétéro-hégémonie. Le changement est fulgurant et touche la grande majorité de la population sur tout le pourtour du globe.

Une petite minorité reste pourtant mystérieusement non modifiée, on l’estime à environ 10% de la population. Des hétéros – insensibles à l’accumulation nucléaire d’inconscient collectif qui s’est subitement renversé – continuent de vivre tant bien que mal en marge du nouveau modèle dominant, qui les ringardise immédiatement. L’ampleur du mouvement est telle qu’il y a très peu d’interrogations à son sujet, et encore moins de contestation. La remise à jour mondiale se fait avec une aisance stupéfiante, et la date du 21.12.2012 est commémorée un peu partout comme celle de la Révélation. L’humanité semble se rattraper de millénaires de naturalité primitive et secondaire et jouit follement de l’artefact sublime du dépassement de l’animalité.

Dans la foulée les droitiers deviennent gauchers et la politique se déclive, le masculin et le féminin font de même et s’égalisent spontanément, au point que la question du sexe disparaît rapidement de tous les formulaires et papiers d’identité. Le modèle gay s’universalise. Il devient difficile de vivre une hétérosexualité fondamentaliste au grand jour, et les enfants nés de ces couples leurs sont retirés rapidement pour être placés chez des gays, seuls aptes à leur fournir équilibre et éducation. sont encore bien tolérés, la discrétion est tout de même préférable, notamment pour trouver un logement, un emploi ou accéder à des responsabilités politiques. C’est bien une nouvelle civilisation qui voit le jour, explorant une dimension inédite de ses polarités, pour le meilleur et pour le pire. L’humanité trouve un élan tout neuf à se lancer dans cette aventure, qui devrait durer jusqu’en 2555. A cette date elle devrait être en mesure d’accomplir enfin la mutation androïde décisive qui la conduira hors des limites du sexe, du temps, et du système solaire.

Hégaymonie culturelle

Nouveau monde rime avec nouveaux codes culturels. Qu’en est-il de la diversité? Jonas Pulver

C’est bien connu, tous les artistes sont des homos (et ce n’est pas Johny Hallyday qui dira le contraire, hein). Alors c’est assez simple, en la matière, la fin du monde hétéro n’a pas eu plus de conséquences que ça. Enfin, à l’exception d’un détail qui a son importance: désormais les créatrices torturées et autres dramaturges visionnaires peuvent raconter des histoires où s’incarne la vraie nature de leurs désirs. Patrick Juvet peut enfin chanter: «Où sont les hommes?», Muriel Robin marie sa fille à «La négresse» et Taylor Lautner fait son coming out, dans People bien sûr. A la télé, on regarde «Hélène et les filles». «The L Word» passe en prime time tous les jours, et La Rai prévoit de diffuser «Le Secret de Brokeback Mountain» chaque année le 24 décembre. A l’école, les maîtres mettent en lumière la liaison sentimentale entre Rimbaud et Verlaine. Ils encouragent les étudiants à observer avec quelle sensualité Le Caravage portraiture ses nombreux partenaires, et Virginie Despentes éclipse Michel Houellebecq. Peu à peu, l’idylle d’Auguste Rodin et Camille Claudel est passée sous silence, et on explicite aussi peu que possible les rapports entre Sartre et Beauvoir.

Evidemment, connaisseurs et collectionneurs savent faire la part des choses. Ils s’intéressent à la qualité de la pensée, du trait ou du geste avant de faire cas des passions qui les animent. Mais les papes de l’hégaymonie culturelle réclament un renversement radical, comme une revanche après des milliers d’année de création hétéronormée. Les artistes qui goûtent la mixité affective et sexuelle se résolvent à travestir leurs penchants. Pour satisfaire la bienséance, pour plaire au plus grand nombre. L’histoire est revisitée, et lorsqu’il peint son fameux «Jocond», Léonard Devint Bi fait passer pour garçon la fille qui lui sert de modèle. Dans «Roméo et Julio», ShakesBear se retient de compter fleurette à une mignonne midinette. On pourrait encore citer George Bande ou Franz Schupette – la liste est loin d’être exhaustive. «Tristesse! Grisaille! Déprime!», se lamentent une minorité d’amatrices et d’amateurs éclairés. Quel affront à la diversité créatrice! Quelle façon, surtout, de rendre terriblement prévisible ce qui devrait être un foisonnement de liberté et d’audace… «L’art cherche à réaliser l’ambiguïté comme valeur», avait dit Umberto Eco, bien avant la fin du monde hétéro. Espérons que certaines idées restent plus fortes que toutes les révolutions, et toutes les majorités.

Au début était la Gaynèse

Quid des religions? Coup d’œil sur un nouveau souffle spirituel qui balaie tout. Norah. S.

Aux orties, les anciennes religions qui prônaient l’hétérosexualité! Car désormais, une nouvelle spiritualité est apparue, dans laquelle Dieu est nommé tantôt «Il», tantôt «Elle» selon qu’un homme ou une femme l’adore, et dont le livre sacré s’intitule la «Gaynèse». Ses versets parlent tantôt d’amour lesbien, tantôt de tendresses bisexuelles et parfois (mais rarement), de penchants hétéro. Cette nouvelle théologie abolit formellement toutes les condamnations liées à des pratiques sexuelles entre adultes consentants. Le culte à la divinité a lieu chaque vendredi soir, les fidèles se recueillent avant de sortir faire la fête, une pratique qui rythme toute leur foi. Leur mission? Prôner l’amour universel, gay de préférence. Car il faut l’avouer, il y a des excès dans cette néo-foi universelle. En dépit des textes tolérants, le modèle majoritaire fait loi et les hétéros ont bien de la peine à se faire leur place. Ainsi ils ne peuvent endosser de responsabilités spirituelle dans aucune communauté: on a bien trop peur qu’ils succombent aux attraits de la mixité, obligatoire partout, surtout dans les monastères et autres lieux de recueillement. Dans les cultes, gare aux hétéros qui se font démasquer: ils risquent de ne pas pouvoir recevoir de bénédiction ou pire, d’être soumis pendant plusieurs jours à des thérapies dures, lors desquelles ils doivent se flageller et réciter des mantras censés les exorciser de la mixité sexuelle. Si ces pratiques sont réprouvées par les croyants plus libéraux, elles sont révélatrice d’un certain rejet de la différence, qui n’est pas sans conséquences, notamment sur le taux de suicide des jeunes hétérosexuels, bien supérieur à la moyenne.

Retrouvez ce dossier dans son intégralité dans le magazine «360°» de février.