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«La société n’est pas prête à accepter des joueurs gay»

Joueurs et instances du football professionnel continuent d'exclure tout coming-out de la Bundesliga, comme le réaffirme le capitaine de l'équipe nationale Philipp Lahm. Une peur «irrationnelle» et auto-entretenue.

«Le foot, cela reste comme des combats de gladiateurs. Je ne pense pas que la société soit arrivée au point où elle accepter des joueurs professionnels gay comme une chose évidente.» Dans une interview très commentée au «Frankfurter Rundschau» (via), le capitaine de l’équipe d’Allemagne a déconseillé à ses camarades de tenter un coming out. Pour le joueur du Bayern, âgé de 28 ans, les stades restent imperméables à l’évolution des mentalités. «Bien sûr qu’un politicien peut faire son coming out, mais ils ne doivent pas, semaine après semaine, jouer devant 60’000 spectateurs», explique-t-il.

Suicides
Philipp Lahm reprend un thème qu’il avait développé dans un livre, paru l’été dernier. Il y avait exprimé sa peur qu’un joueur ouvertement gay finisse comme le footballeur anglais Justin Fashanu. Ce dernier avait fait son coming out en 1990. Il s’était suicidé huit ans plus tard. Sa carrière sur le terrain avait tourné court, et il était accusé d’agression sexuelle sur un mineur. En Allemagne, un seul footballeur a, à ce jour, fait son coming-out. Mais bien après sa «retraite». Au début des années 1990, un jeune joueur prometteur, Marcus Urban, avait quitté son équipe d’Erfurt, sans explication. Ce n’est qu’en 2007 qu’il a donné la raison de ce virage subit: la pression exercée sur lui afin qu’il cache son homosexualité. Une pression qui l’aurait poussé au bord du suicide.

Depuis, plus rien, sinon des rumeurs amplifiées par la blogosphère et la presse à scandale. Dernières cibles en date: l’entraîneur de la Mannschaft Joachim Löw, l’international de Wolfsburg Arne Friedrich et Philipp Lahm lui-même. Leurs démentis respectifs n’ont été qu’autant d’occasions de rappeler à quel point le coming out d’un joueur pro était «impensable» à l’heure actuelle.

Pensée martiale
Les associations gay et lesbiennes d’outre-Rhin estiment que le travail de la fédération allemande de foot, la DFB, contre l’homophobie, est insuffisant. Il serait essentiellement destiné au milieu amateur et aux supporters. Pourtant, le président sortant de la DFB, s’était engagé à faire quelque chose. Dans une interview de 2009 au «Bild», au lendemain du suicide de l’ancien gardien de la Mannschaft Robert Enke, Theo Zwanziger avait reconnu que la dépression et le silence sur l’homosexualité minaient le foot professionnel: «La pensée martiale sur le mode ‘Je ne dois trahir aucune faiblesse; je dois être le plus fort’ doit cesser.» Si l’état psychique des footballeurs pro est mieux pris en compte – en tout cas de l’aveu de Philipp Lahm – la question de l’homosexualité reste en chantier.

«Le fait que les athlètes aient si peur de faire leur coming-out est, à notre époque, proprement irrationnel. Les mensonges permanents esquintent psychiquement et coûtent beaucoup d’énergie, qui manque sur le terrain, conclut le sociologue du sport Eric Anderson, cité par le «Frankfurter Rundschau». Le coming-out d’un joueur professionnel aurait une dimension historique. Beaucoup de jeunes sportifs homosexuels attendent que l’une de leurs idoles fassent le pas.»