Féminiser la Gay Pride, mission impossible
Accusés de «révisionnisme», le comité en charge du Christopher Street Day de Munich renonce à changer le nom de la parade en «Christina Street Day». La mesure, qui devait promouvoir l'unité du mouvement LGBT, a suscité une réaction épidermique chez les gays.
Ça partait pourtant d’une bonne intention: les organisateurs de la Gay Pride de Munich prévoyaient, exceptionnellement cette année, de rebaptiser le traditionnel «Christopher Street Day» en «Christina Street Day». Mais cette annonce, faite il y a deux semaines, a déchaîné une tempête au sein de la scène gay bavaroise. Si bien que le collectif a annoncé aujourd’hui qu’il faisait marche arrière. «Ça n’a pas de sens de continuer à se battre pour un nom, de mener des guerres de tranchées et de diviser la scène», a admis le porte-parole de l’événement.
Par cette mesure symbolique, le collectif souhaitait répondre au «manque de visibilité des lesbiennes» et affirmer l’unité du mouvement LGBT.
Une pétition a été lancée, ainsi qu’un groupe Facebook, pour protester contre une décision qualifiée d’«arbitraire» et d’«absurde». On ne touche pas aux symboles, surtout quand ils sont historiques. En l’occurrence, Christopher Street est le lieu de New York où s’étaient déroulées en 1969 les événements de Stonewall, qui avaient vu s’affronter policiers et gays. Une date considérée depuis comme le début du mouvement d’affirmation homosexuel.
Mais le débat a surtout ravivé de vieilles querelles entre gays et lesbiennes. Pour Guido Vael, un vétéran du monde associatif gay Munichois s’exprimant sur le site queer.de, «les lesbiennes n’ont pas combattu l’oppression main dans la main avec leurs frères gays.» Il se souvient que dans les années 1980, le mouvement lesbien gardait ses distances de sa contrepartie masculine, considérant les gays avec la même qu’envers les hétéros. «S’il y a un problème de visibilité, ce n’est pas de la faute des gays», renchérit un autre militant. Entre-temps, un autre groupe Facebook a été lancé pour dénoncer la «violence verbale massive» qui se serait déchaînée à l’occasion de ce débat.