La passion du sport, nouvel alibi des gays américains
Phénomène dans la scène homosexuelle des grandes villes américaines, le «gay sports bar» décline avec succès l'ambiance «pub» virile sous le drapeau arc-en-ciel.
Des tables de billard, des hectolitres de bière, des banquettes confortables et partout d’énormes écrans diffusant des match de football américain ou de baseball: c’est le concept du «sports bar», le rendez-vous incontournable des mâles américains depuis les années 1980. Dans les grandes villes, ces héritiers high-tech des pubs britanniques entretiennent une clientèle de cadres, notamment à la sortie des bureaux. Or, depuis quelques années, ils essaiment sous une nouvelle forme: les «gay sports bars».
Un marché en pleine expansion
On compte une douzaine de ces établissements dans le pays et ils rencontrent un succès grandissant, rapporte le très sérieux «Business Week». L’hebdomadaire rappelle qu’aux Etats-Unis, le pouvoir d’achat des personnes LGBT était estimé en 2010 à 743 milliards de dollars, contre 732 l’année précédente. Un marché en pleine expansion, auquel les bars traditionnels ne répondrait plus forcément. Ouvert en avril dernier, le dernier-né, Boxers NYC à New York, affiche déjà un chiffre d’affaires 40% au-dessus de ses projections.
La recette du succès: «parvenir à un juste équilibre afin de séduire les fans de sport gay et hétéros». La touche gay est assurée par la carte des mets, recherchés et fit, et par le personnel, «extra-friendly», voire, comme à New York, composé de serveurs sexy, torse nu et en shorts.
Karaoké et drag queens indésirables
Mais la comparaison avec les boîtes gay s’arrête là. «Comme on est un bar gay, les gens ont demandé des karaoké, des concerts, des shows de travestis – j’ai crié Non, non, non! Nous avons rempli une niche et c’est le sport», explique la manager d’un de ces établissements, à Fort Lauderdale, en Floride.
La passion du match, nouveau thème de ralliement des gays? Un client occasionnel de Boxers NYC a une autre explication. Selon lui, c’est un «bar passe-partout pour des gays passe-partout». Bref, un succès qui tiendrait surtout à l’image que les «gay sports bars» renvoient à leur clientèle: virile, conviviale et débarrassé d’une bonne partie du décorum gay.
