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EMIS 2024: la prévention du VIH avance à deux vitesses

EMIS 2024: la prévention du VIH avance à deux vitesses
©Sidney Moore (licence unsplash)

La Suisse a fait des progrès notables dans la prévention du VIH, mais reste confrontée à des écarts inquiétants entre les risques d’exposition et l’accès réel aux outils de prévention. C’est l’un des constats majeurs de la présentation des données suisse d’EMIS 2024* faites dans le cadre de l’Academy de l’Aide Suisse contre le Sida.

*EMIS est la plus grande enquête mondiale sur la santé sexuelle des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) – et qui, pour la première fois en 2024, inclut pleinement les personnes trans et non-binaires ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Les données d’EMIS 2024 révèlent une évolution notable des cultures sexuelles gays en Europe et en Suisse. L’entrée dans la sexualité – y compris la pénétration – se fait désormais à un âge proche de celui observé chez les hétéros: un quart des répondant·x·e·s disent avoir eu leur premier rapport à 15 ans, plus de la moitié à 18 ans, y compris pour certain·x·e·s avec des partenaires d’au-moins 10 ans plus âgés. Ces données soulignent l’importance d’une éducation sexuelle réellement inclusive, qui parle aussi des rapports sexuels entre hommes.

La grande majorité des rencontres se font désormais en ligne, via des applications, marquant une «nouvelle culture» numérique. Mais une partie des répondants continue à fréquenter des espaces communautaires sexualisés (bars, clubs, saunas, sex-clubs, lieux de cruising): une «culture historique» toujours vivante, notamment pour les rapports sexuels à plus de 2.

Les pratiques sexuelles sont très diverses, et la pénétration anale n’est pas systématique. L’usage de substances en contexte sexuel reste minoritaire, mais avec des différences régionales: en Suisse romande, on parle plutôt de GHB et de cathinones; outre-Sarine, de GHB, Tina et Kétamine.

Des progrès clairs

Les résultats de l’enquête témoignent d’acquis solides:

  • Un accès massif aux préservatifs gratuits: 50 % des répondant·x·e·s déclarent en avoir reçu dans un espace communautaire.
  • Une amélioration du dépistage du VIH: 70 % des personnes ne vivant pas avec le VIH ont fait au moins un test dans les 12 derniers mois.
  • Une diffusion croissante de la PrEP VIH (prophylaxie pré-exposition, le traitement préventif contre le VIH) en particulier dans les grandes villes, où les Checkpoints jouent un rôle clé.
  • Et du côté des personnes vivant avec le VIH (environ 10% des répondant·x·e·s, un accès plus rapide aux soins: 100 % des suivis commencent dans les quatre semaines suivant l’annonce, dont plus de 40 % dans la première semaine.

Ces avancées rapprochent la Suisse de l’objectif «Zéro transmission du VIH d’ici 2030», porté par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et les organismes communautaires et/ou de prévention.

Mais des lacunes préoccupantes

Malgré ces progrès, une portion non négligeable des répondant·x·e·s ne vivant pas avec le VIH a eu au moins une exposition potentielle au virus dans l’année écoulée – pénétration anale sans préservatif ni PrEP VIH avec un partenaire de statut sérologique était inconnu. L’accès et le recours aux différents outils de prévention restant inégal selon les régions.

  • Dépistage VIH: si 70 % des répondant·x·e·s résidant dans les plus grandes villes (Lausanne, Genève, Zurich) ont fait un dépistage dans les 12 derniers mois, ce taux chute à moins de 50 % ailleurs, voire à un tiers au Tessin.
  • PrEP VIH: si le tiers des répondant·x·e·s indique prendre la PrEP VIH, une autre moitié dit n’avoir jamais reçu d’information à ce sujet de la part d’un·x·e professionnel·x·le de santé et le manque d’information est encore plus grand dans les régions les plus rurales.
  • PEP VIH: 15 % des répondant·x·e·s ont eu recours à ce traitement d’urgence au cours de leur vie, mais 4 % déclarent ne pas avoir pu y recourir malgré une exposition au VIH, certainement pour des raisons de coût ou autre enjeu d’accessibilité.

Ces écarts reflètent une fracture géographique et systémique: l’accès à la prévention reste bien plus aisé dans les zones urbaines disposant d’un Checkpoint et donc d’une offre communautaire.

Et si plus de 10 % des répondant·x·e·s ne révèlent pas leur sexualité entre hommes lors des consultations, cela pourrait aussi être le signe d’un climat encore trop peu inclusif dans les soins généralistes.

Syphilis et IST: une vigilance inégale

La syphilis et les autres IST bactériennes demeurent très présentes avec près d’un quart des répondant·x·e·s ayant reçu un diagnostic dans les 12 derniers mois (taux stable depuis plusieurs années).

Parmi les répondant·x·e·s suivi·x·e·s pour un traitement préventif ou thérapeutique contre le VIH, 80 à 90 % ont fait un dépistage d’IST dans les six derniers mois.
Mais parmi celleux ne prenant pas la PrEP VIH et ne vivant pas avec le VIH, moins d’une personne sur deux a fait un dépistage dans l’année – bien en dessous des recommandations suisses.

L’usage émergent du DoxyPEP (antibioprophylaxie post-exposition) en particulier en Suisse romande illustre la rapidité des HSH à se saisir des outils de réduction des risques, mais pose des questions: une part significative des répondant·x·e·s l’a utilisée sans supervision, certainement avec un reste de traitement ou via des importations non encadrées, y compris parmi celleux suivi pour un traitement préventif ou thérapeutique contre le VIH.

Objectif 2030: le défi de l’accès universel

Les données d’EMIS 2024 confirment la solidité des infrastructures communautaires suisses, mais rappellent qu’il faut aller plus loin.
Tant que toutes les personnes vivant avec le VIH ne connaîtront pas leur statut, et que toutes celles n’en vivant pas avec le VIH ne se protégeront pas efficacement, l’objectif de zéro transmission du VIH en 2030 restera hors d’atteinte.

L’enjeu est clair: renforcer l’accès équitable, au-delà des centres urbains, et promouvoir une culture du soin sans jugement, inclusive des parcours trans, non-binaires et gays, dans toutes les régions du pays.

En novembre, la campagne DrGay «Objectif 2030» rappelle les réflexes essentiels et propose des dépistages gratuits pour le VIH et la syphilis. Plus d’infos et d’adresses: www.drgay.ch/2030