Une pride pour des temps incertains

Nouvelle édition de la marche des fiertés de Suisse romande, la Geneva Pride 2025 a réuni environ 15'000 personnes, ce samedi, dans un mélange fécond d'amour, d'humour... et de colère.
Des nuages noirs, un ciel menaçant – comme l’époque. Le temps aura peut-être découragé certains fêtards, mais pas la grande majorité des fidèles de la Pride romande. Iels étaient 15’000, selon l’organisation, à se retrouver le long du quai Wilson pour cette septième édition de la Geneva Pride. Une quarantaine de formations étaient annoncés pour le défilé, des associations romandes aux groupes d’entreprises (moins visibles qu’il y a quelques années, depuis que la marche genevoise a choisi de se passer du sponsoring des multinationales) en passant par les clubs sportifs, les partis politiques, les organismes de santé et beaucoup, beaucoup de simples marcheur·euse·x·s et d’allié·e·x·s, sourire aux lèvres et paillettes aux yeux.
Au-dessus de la foule, on pouvait lire des pancartes aux messages positifs («Bats-toi et tu auras une vie grandiose»), humoristiques («Même ma colonne vertébrale me dit que je ne suis pas straight») et volontiers absurdes («Plus de droits, plus de doigts», «PANcarte et fière de l’être»).
Dans une toute autre tonalité, les couleurs palestiniennes, les keffiehs et les quartiers de pastèque se mêlaient souvent aux bannières arc-en-ciel. «From the river to the sea, Palestine will be free» a sans doute été le refrain repris en chœur avec le plus de force, entre les sempiternels «Dancing Queen» et «Freed From Desire». Comme pour ne pas laisser le terrain à cet impressionnant bloc de «Queers pour la Palestine», un petit groupe de «Queers contre l’antisémitisme» défilait aussi – à bonne distance. Marchant sous un rainbow flag frappé de l’étoile de David, cette dizaine de personnes anglophones que l’on aurait dit parachutées là étaient encadrés par des sécus plutôt crispés.
L’an prochain à Lausanne
La marche s’est terminée peu après 18h dans un parc des Bastions noir de monde. La foule a aussitôt convergé vers la grande scène, où la maîtresse de cérémonie, l’incroyable Moon, n’a pas tardé à apparaître. Avant de mener le public dans une longue nuit de fête, elle y a notamment accueilli le maire de Genève, Alberto Gomez, et la conseillère d’État Nathalie Fontanet, un peu chahutée par une partie du public et lâchée par sa voix. Puis est venu le tour de la porte-parole de la Pride 2026. L’événement sera de retour à Lausanne 45 ans après la toute première manif homosexuelle de Suisse romande et 20 ans après la dernière édition de la Pride dans la capitale vaudoise. L’oratrice a promis une édition placée sous le signe de l’intersectionnalité, avec un triple mot d’ordre «Résister, prendre soin, avancer»: «car en cette période trouble, faire communauté est et doit rester notre force.» On ne saurait dire mieux!