Genève dit non aux cyberviolences LGBTIQ+

À l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, la Ville de Genève dévoile une campagne de sensibilisation sur la violence en ligne et le cyberharcèlement visant les personnes LGBTIQ+.
«En ligne, personne n’est neutre. Et toi, où mets-tu le curseur?» C’est par ce slogan que la campagne d’affichage lancée par la Ville de Genève invite les témoins de cyberviolences à l’égard des personnes LGBTIQ+ à réfléchir sur leur positionnement.
Espace d’émancipation et terrain de violences
En effet, si les réseaux sociaux sont un espace d’expression et d’émancipation pour les personnes queer, ils sont aussi le théâtre de harcèlement et de violences aux conséquences terribles pour les victime·x·s et leurs proche·x·s mais aussi pour la démocratie et la liberté d’expression.
En 2025, ce constat est d’une criante actualité puisque, sous la pression de l’administration Trump, les géants du web abandonnent tour à tour leur règles de modération des contenus discriminants et haineux mais aussi parce que l’IA, désormais largement utilisée, reproduit les stéréotypes de genre et contribue à invisibiliser les minorités.
Lutter contre la neutralité
Dans ce contexte, la ville de Genève engagée dans une réflexion avec les associations partenaires (Dialogay, Le CheckPoint Genève, décadréE, 360°, etc.) s’engage pour lutter contre ces cyberviolences. L’indifférence est en soi un positionnement et la neutralité n’est plus une option nous dit en substance la campagne tout juste lancée faisant ainsi sienne cette phrase de Desmond Tutu : «Si tu es neutre en situation d’injustice, alors tu as choisi d’être du côté de l’oppresseur».
Un rôle actif pour touxtes
Linn Molineaux, chargéx de mission, explique : «Cette campagne s’adresse au plus grand nombre, à celleux qui ne se sentent pas forcément concerné·e·x, aux témoins qui ont tous·te·x·s un rôle à jouer même si iels ne savent pas toujours comment réagir.»
«Le jeu vidéo est un objet culturel majeur avec souvent un fort potentiel émancipatoire»
Et pour interpeller le plus grand nombre, le parti a été fait d’emprunter aux codes du jeu vidéo à travers des personnages en pixel art et des mises en situation qui évoquent les jeux RPG où l’on construit son avatar. «Même s’il est parfois regardé avec condescendance, le jeu vidéo est un objet culturel majeur avec souvent un fort potentiel émancipatoire» explique Linn Molineaux.
À ceci près qu’il est souvent difficile de créer des avatars représentatifs de la diversité de nos communautés et de touxtes celleux qui s’écartent des normes du genre et/ou qui sont racisé·e·x·s.
Générer des avatars non stéréotypés
Un gros travail de réflexion a ainsi été fait sur la création des personnages de la campagne puisque ceux-ci ont été générés par IA, alors même que les IA ont encore trop tendance à stéréotyper les personnages en fonction de leur genre et de leur orientation sexuelle.
«C’est aussi un moyen de réfléchir à la place qu’occupent les minorités dans le développement de l’IA.»
«Cela a été tout le travail mené en collaboration avec le graphiste, Patrick Bellai, membre de la Fondation Impact IA, que développer des narratifs et de concevoir des personnages non-stéréotypés» signale lae chargéx de mission qui ajoute: «C’est aussi un moyen de réfléchir à la place qu’occupent les minorités dans le développement de l’intelligence artificielle.»
Un moyen aussi, grâce à la belle diversité obtenue, de permettre à chacun·e·x de s’identifier à un personnage qui lui ressemble.
Activisme queer en ligne avec Lexie Agresti et Morgan Lucas
Appeler à l’action, c’est bien, donner à touxtes des moyens d’agir dans des univers numériques qui bougent très vite, c’est mieux. C’est la raison pour laquelle la campagne d’affichage s’accompagne, du 6 au 19 mai, d’un riche programme événementiel avec des rencontres, des tables-rondes et des ateliers qui aborderont des questions telles que les enjeux éthiques de l’IA dans une perspective queer, les moyens de répondre efficacement à la haine en ligne, les mèmes et les stratégies de résistance sur les médias en ligne ou encore sur les enjeux du numérique pour les jeunes LGBTIQ+.
Ce programme se terminera par une soirée de clôture consacrée à l’activisme queer en ligne avec Lexie Agresti et Morgan Lucas.