IDAHOBIT 2025: Tour d’horizon des actions romandes

Alors que nous traversons des temps difficiles à l’échelle mondiale et que les droits des personnes LGBTIQ+ sont de plus en plus attaqués, la Suisse romande célèbre la Journée mondiale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHOBIT) avec force, mémoire et résilience. Petit recap' des manifestations romandes...
Le 17 mai, Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHOBIT), résonne cette année dans un contexte mondial préoccupant. Aux États-Unis, seuls les marqueurs biologiques sont désormais officiellement reconnus.
En Russie, Hongrie ou encore en Italie, la négation pure et simple des réalités LGBTIQ+ devient politique d’État: lois anti-« propagande » et interdiction des Prides; effacement des personnes trans, des relations entre personnes de même sexe et des familles arc-en-ciel. Un retour brutal à l’invisibilisation.
Une exposition pour rendre visible les vécus queer
Face à cette tendance, la visibilité devient un acte militant. À Lausanne, une exposition à l’Hôtel de Ville donne à voir et à entendre les récits de personnes queer romandes. À travers des portraits photographiques et des témoignages, l’installation met en lumière la diversité des parcours et des identités LGBTIQ+.
«J’ai envie de partager mon vécu parce que peut-être que des gens vont s’y reconnaître et aussi parce que j’aime participer à visibiliser ce que la société ne considère pas comme « normale »».
Témoignage pour Queer of Romandie
Elle s’inscrit dans une série d’initiatives visant à sensibiliser le public aux réalités vécues par nos communautés, en collaboration avec des projets tels que Out of the Box sur les campus universitaires, (In)Visibles et Queer of Romandie, qui dressent une galerie de portraits aussi divers que les identités et les vécus qu’ils mettent en lumière.
Une augmentation des violences en Suisse
Mais être visible, c’est aussi s’exposer. Le rapport de Pink Cross publié en mai 2024 révèle une hausse préoccupante des violences auxquelles doivent faire face les personnes LGBTIQ+ en Suisse. En 2023, 305 cas d’agressions haineuses ont été signalés à la Helpline, soit plus du double qu’en 2022.
Plus de la moitié de ces agressions ont eu lieu dans les espaces publics, dont 25% dans la rue et 23% dans les transports publics et les gares. Environ 70% des cas signalés concernaient des injures ou des insultes, et 21% des personnes ont vécu des violences physiques. Les personnes trans, binaires ou non binaires, représentent 40% des signalements, un nouveau record. Dans plus de deux tiers des cas, un impact psychologique a été mentionné.
Les jeunes particulièrement touché·e·x·s
Les jeunes de la diversité liée à l’orientation affective et sexuelle, l’identité de genre, l’expression de genre et/ou aux caractéristiques sexuelles biologiques (OASIEGCS) sont régulièrement confronté·e·s à des violences psychologiques, verbales et/ou physiques. Une étude publiée par Unisanté en 2024 révèle qu’en 2022 dans le canton de Vaud 17.9% des jeunes de 15 ans et 23.2% des jeunes de 18 ans s’identifiaient comme faisant partie de cette diversité.
Ces jeunes étaient plus nombreuses et nombreux à éprouver un sentiment d’insécurité (47% vs 31% pour les jeunes de 15 ans ; 56% vs 31% pour les jeunes de 18 ans), à avoir été la cible de harcèlement-intimidation entre élèves en face-à-face (27% vs 11% pour les jeunes de 15 ans ; 12% vs 6% pour les jeunes de 18 ans).
Le 15 mai, à Lausanne, une conférence réunira chercheur·euse·s, militant·e·x·s et institutions pour faire le point sur ces enjeux brûlants. L’occasion de penser collectivement aux réponses à apporter : éducation, sensibilisation, solidarité et riposte.
Une campagne contre le cyberharcèlement
À Genève, la campagne menée par le Service Agenda 21 – Ville durable et ses partenaires institutionnels et associatifs s’attaque aux cyberviolences ciblant les personnes LGBTIQ+. Plus qu’une simple sensibilisation, cette initiative ouvre un espace de réflexion sur les opportunités mais aussi les risques que le numérique représente pour les communautés queer.
Affichage public, programme événementiel, échanges: tout est mis en œuvre pour explorer comment Internet peut être à la fois un formidable outil de socialisation, d’information et de mobilisation, et en même temps un espace où les discriminations et les violences se multiplient. La campagne s’interroge aussi sur le rôle des algorithmes et de l’intelligence artificielle dans la reproduction des stéréotypes et donc des discriminations y compris la censure.
L’objectif est clair: comprendre les mécanismes de discrimination en ligne pour mieux les déconstruire et faire du numérique un véritable levier de lutte contre les violences envers les personnes LGBTIQ+.
Dans un monde où les existences queer sont niées à haute voix, la Suisse romande choisit de les écouter, de les montrer et de les défendre. Car la visibilité, ici, est un acte de résistance.
HelpLine LGBTIQ+
– Service de soutien entre pairs (téléphone, tchat, mail).
– Centre de dénonciation des violences et discriminations.
Programmes IDAHOBIT – Mai 2025:
Projets de portraits et témoignages queers: