Goudouland: la colo lesbienne
Le festival Goudouland a des airs de jolie colonie de vacances. Chaque printemps, une joyeuse foule de lesbiennes et personnes queer se retrouvent au pied du Mont-Blanc, en Haute-Savoie, le temps d'un week-end à la bonne franquette.
C’est un centre de vacances montagnard habitué à accueillir classes de neige et classes vertes, perché à 950 mètres d’altitude, aux confins de la vallée de Chamonix. A quelques semaines du Goudouland, qui aura lieu le premier week-end de mai, les 124 lits du chalet étaient déjà complets, signe de l’engouement que suscite le jeune festival montagnard, trois ans au compteur.
«On a beaucoup de personnes françaises et aussi suisses. Je pense qu’on borne pas mal le Valais, Lausanne et Genève et ses environs», explique Myriam Paperman, membre du bureau du Café Qu 74, l’asso qui organise le festival. Il reste des places, mais seulement pour les personnes pouvant prendre un hébergement dans les environs, et apporter de quoi se sustenter pendant le festival.
«On le voit un peu comme une sorte de colo»
Les fidèles de Goudouland viennent chaque année les yeux fermés. C’est une histoire de confiance, de communauté, d’envie de se retrouver dans une ambiance décontractée, à la bonne franquette. «Les gens prennent leur place et n’ont pas encore la programmation. Iels viennent parce qu’iels ont envie de venir. On le voit un peu comme une sorte de colo», explique Myriam.
Goudoulanta, une parodie lesbienne de Kohlanta
Les activités proposées tout au long du week-end sont à l’initiative des bénévoles et des festivalier.e.s., dans l’esprit léger et DIY du festival, et ce sans ignorer le cadre exceptionnel des Alpes. Cette année il y aura entre autres un Live Dating Show, un Karaoké, des rando en montagne, un match de foot et…. Goudoulanta! «Tout le festival part d’une blague entre copines, et toute notre programmation aussi.
Souvent, quand on passe des soirées ensemble, les idées fusent. Et certaines sont vraiment absurdes. Mais quand on en reparle et re-rigole le lendemain, on finit par les concrétiser», s’amuse Myriam. La Goudoulanta en fait partie: une parodie lesbienne de l’émission de téléréalité Kohlanta, qui attiré des dizaines de participant.e.s l’an dernier.
«La montagne, c’est un lieu où il est très difficile d’exister en visibilité»
Faire venir la communauté FLINTA* à la montagne, dans un endroit reculé, c’est le tour de force de Goudouland. Même s’il ne se prend pas au sérieux, le petit festival change la donne. «La montagne, c’est un lieu où il est très difficile d’exister en visibilité», estime Myriam, qui a quitté Paris il y a cinq ans pour s’installer dans la région.
« À la base, on a fait Goudouland pour le plaisir de se retrouver, de créer des espaces pour nous, dans un lieu où c’était du jamais vu, et justement de revendiquer que oui, en fait, ici aussi on existe. Et que nous aussi on peut faire venir du monde, et que ce n’est pas toujours à nous d’aller dans les grandes villes. » Pari réussi.
