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Thomas Salati à cœur ouvert

Thomas Salati à cœur ouvert
Thomas Salati. Photo: Elizabeth La Rosa

Régulièrement, 360° vous propose un aller-retour direct avec le Tessin. Ce mois-ci, rencontre en tête-à-tête avec Thomas Salati, jeune figure du monde politique par delà le Gothard.

Il est né à Lugano le 16 novembre 1994, quelques jours après la sortie de la première Playstation, une console qui, comme il le souhaiterait pour sa propre vie, a révolutionné la société (patience, nous y reviendrons dans quelques lignes). Thomas Salati a toujours aimé s’occuper des autres, c’est pourquoi il a choisi une carrière dans le social. Aujourd’hui, Thomas travaille dans un centre d’hébergement et de soins à Bellinzone. Bien que son emploi soit très prenant, il trouve toujours du temps pour s’adonner à ce qui l’anime en dehors de son travail: la politique, notamment à travers son engagement au sein de la Gioventù Socialista Ticino, les Jeunes socialistes du Tessin. Sur le plan personnel Thomas est depuis quatre ans fiancé à Stefano, avec qui il partage sa passion pour les chiens et le cinéma. Ils aiment particulièrement les films qui laissent une trace et qui font réfléchir. L’un des derniers qui a marqué Thomas? Love, Simon, une œuvre qui traite du coming out et de l’outing. D’une manière générale, l’art l’anime et à Lugano il apprécie particulièrement la Villa Ciani, au cœur du parc éponyme, à deux pas du lac.

Thomas Salati confie ne pas s’être toujours accepté tel que l’on est. Il réalise être attiré par les hommes à l’âge de 18 ans. «Le défi le plus compliqué à relever a été d’établir un dialogue avec moi-même. Je suis passé par un processus très douloureux pour m’aimer et m’accepter tel que je suis.» Thomas se souvient avoir entendu des expériences de ses pairs rejeté·e·x·s et abandonné·e·x·s après avoir fait leur coming-out auprès de leur famille. «J’étais terrifié à l’idée que la même chose m’arrive. Je suis reconnaissant à ma famille et à mes amis de m’avoir écouté et accueilli à bras ouverts, sinon à cœur ouvert.»

Oui, je le veux!

Le jeune Tessinois a toujours voulu se marier, même s’il n’était pas certain, lorsqu’il était enfant, de qui serait à ses côtés ce jour-là. Aujourd’hui les choses sont différentes, son mariage est agendé pour novembre: «Je suis romantique et un peu vieux jeu, mais je pense que le mariage symbolise la plus haute dimension de l’amour pour son partenaire. Je suis impatient de dire: “Je suis marié, Stefano est mon mari.”» Cependant le tessinois tempère: «Là où j’ai grandi, à Viganello, il n’y avait pas de sensibilité ni de connaissances particulières sur les thématiques LGBTIQ+. Je ne garde pas un bon souvenir de mes années de collège», nous confie-t-il. «J’ai été insulté, on a utilisé toutes sortes de termes dégradants envers moi, insinuant que j’étais quelqu’un de sale, un maniaque sexuel. J’ai été victime d’intimidation pendant plusieurs années et j’ai même été frappé.» Cette période sombre et tourmentée a forgé Thomas: «Ces années m’ont aidé à m’autodéterminer profondément.»

Utopies

Au XIXe et au début du XXe siècle, le Tessin était une destination prisée de communautés utopistes à la recherche d’une vie alternative à deux pas d’Ascona, au Monte Verità. Thomas ne se compare pas aux membres de ces communautés bohèmes, mais s’identifie au terme utopiste: «Je me consacre à la politique parce que je voudrais améliorer la société dans laquelle je vis, la transformer (la Playstation, vous vous souvenez?). Je suis convaincu qu’avec de l’intelligence, du professionnalisme et du dévouement, on peut changer beaucoup de choses. Pensons aux luttes LGBTIQ+: la loi contre l’homophobie et le mariage pour tous·tes·x sont de belles victoires!» Y a-t-il encore du travail à faire en Suisse? «Beaucoup! Des sujets complexes comme la gestation pour autrui qui, même à gauche, seront difficiles à faire passer.» Thomas ajoute qu’il est par exemple inacceptable que le programme d’éducation sexuelle dans les écoles obligatoires et post-obligatoires ne comprenne pas un programme d’information et de sensibilisation aux questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre.

Ses convictions chevillées au corps, on ne peut que souhaiter au jeune homme la possibilité de continuer à défendre ses idéaux dans l’arène politique cantonale et qui sait, un jour peut-être, nationale.