Les trans indignés par un article du Temps
C’est une large tribune que Le Temps a accordé le 7 janvier dernier au Dr Dominique Chatton, un médecin que beaucoup de transsexuels romands connaissent pour tenter de dissuader ses patients de subir une opération de réassignation.
Le quotidien genevois Le Temps a publié une page entière consacré aux méthodes du Dr Dominique Chatton, ancien chef de clinique à la Consultation de gynécologie psychosomatique et de sexologie de l’Hôpital de Genève. Soi-disant «empêcheur de transsexualiser en rond», celui-ci prétend pouvoir «traiter l’ambivalence sexuelle» sans recours à la chirurgie par une «approche sexocorporelle» importée du Canada. L’article met en avant un seul et unique témoignage, celui de Louis. Ce patient du Dr Chatton aurait renoncé à changer de sexe et se trouverait, à présent, bien dans sa peau d’homme, dénonçant au passage le «milieu trans», où selon lui, «vivre sa différence, et donc se faire opérer, est devenu un mot d’ordre.»
«De très belles (re)naissances»
Dans le «milieu trans» en question, nombreuses ont été les réactions. Anny, par exemple, a écrit au quotidien genevois pour rappeler «qu’il n’y a aucun recul sur cette soi-disant guérison de Louis. Comment sera-t-il dans dix ans? Bon nombre de transsexuels-les ayant fait leur changement il y a plus de dix ans se sentent épanouis et totalement insérés dans la société.» Une autre lectrice dont la lettre a été publiée par Le Temps s’est dit «indignée» par les propos du médecin, reflétant selon elle une opinion caricaturale des personnes transsexuelles: «Que des personnes soient mises à la rue par leur famille avant d’être financièrement autonomes et qu’elles finissent sur le trottoir, c’est un fait et c’est un drame. Mais je m’interroge sur les raisons qui amènent M. Chatton et d’autres personnes à monter ce drame social en épingle et à estomper tous les cas de personnes ayant réussi leur transition.»
Autre malaise, la complaisance avec laquelle le médecin évoque les contraintes, les limites et les échecs des opérations de changement de sexe – sans en évoquer les réussites. Pour Sandra Mansi, responsable du groupe Trans à Espace 360, il faut rappeler à cet égard que «cette opération a très largement permis à de nombreuses personnes, de rectifier leur enveloppe corporelle et d’être de ce fait, en harmonie avec leur moi profond. J’ai assisté à de très belles (re)naissances, ajoute-t-elle, ainsi qu’aux chemins de vie réussis qui ont suivi. Ces personnes sont totalement intégrées dans la vie sociale et ne remettent en cause à aucun moment leur transition.»
«Débat» prévu à Genève
Le Dr Chatton et le Professeur canadien Yves Desjardin (principal initiateur de «l’approche sexocorporelle») participeront à un débat au Musée d’histoire des sciences de Genève le 30 janvier à 18h30 organisé par l’associtaion Bancs publics, et intitulé «Les troubles sexuels: dans la tête ou dans le corps?» …Aucun contradicteur n’étant annoncé pour l’instant, la réponse est déjà toute trouvée!