Jugée «pornographique», une brochure de Pink Cross interdite dans les écoles bernoises
Les remous occasionnés par la diffusion dans les écoles bernoises d’une brochure éditée conjointement par Pink Cross et l’Aide suisse contre le sida (ASS) sur le coming-out des jeunes gays pourrait avoir des conséquences sur le budget de la lutte contre le sida.
Ce n’est pas un hasard si c’est en pleine campagne sur le partenariat enregistré que la version bernoise de 20 Minuten s’est fait l’écho de l’indignation de responsables de l’école bernoise. La raison? La distribution, en mai dernier, d’une nouvelle brochure cofinancée par Pink Cross (40%) et l’Aide suisse contre le sida (ASS, 60%). Sous le titre «Ça va de soi», ce livret de 28 pages, imprimé à 15’0000 exemplaires aborde sans tabous la question du sexe gay, en mettant notamment l’accent sur les possibilités de vivre sa sexualité dans les lieux de rencontre gays : saunas, bars, et backrooms… C’est bien là que le bât blesse pour les responsables des écoles bernoises. Ceux-ci jugent la brochure «non appropriée» et «problématique du point de vue de la protection de l’enfant.» En stoppant la diffusion de «Ça va de soi», ils font également valoir que la brochure serait à la disposition de jeunes de 11 à 15 ans.
«Effet Hirschorn»
Pour le secrétaire général du Département de l’instruction publique bernoise, Roland Furrer, répondant à un journaliste de la NZZ, la brochure «dégage une sorte de fascination pour l’homosexualité […] le but de prévention n’est qu’en arrière-fond.» Des critiques qui rejoignent celles, plus virulentes, de politiciens de la droite chrétienne. Ceux-ci notent l’abondance de photographies suggestives. Ainsi Wilfried Gasser, député du Parti évangélique au Grand conseil bernois déclare à 20 Minuten: «Il s’agit clairement de pornographie. Il est intolérable que les homos fassent du prosélytisme auprès des jeunes». L’UDF et le Parti évangélique ont fait connaître leur intention de déposer une plainte contre l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). l’Office, duquel dépend partiellement l’ASS, a défendu d’avoir financé la brochure avec des fonds publics, ni d’ailleurs préconisé sa distribution dans les écoles.
Une maladresse de la part de l’ASS et de Pink Cross? La réponse des deux organisations se fait attendre. Mais dans les coulisses des associations de lutte contre le sida, on redoute déjà un «effet Hirschhorn», qui donnerait à l’Etat un prétexte pour réduire encore les subventions allouées au budget de l’ASS.
