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Elections fédérales: Les candidats s’expriment sur les questions LGBT

120 candidats romands ont exprimé leur opinion sur quelques propositions inspirées des revendications de organisations homosexuelles ou de discussions déjà entamés chez nos voisins européens – dessinant le contour des futurs débats autour des questions LGBT.

Autant le dire tout de suite: nos futurs élus, du moins ceux qui ont pris le temps de répondre au questionnaire de 360° sont, dans leur grande majorité, favorables à davantage de droits pour les personnes LGBT… avec sans doute une petite pincée d’opportunisme pour certains… Sur plus de 500 questionnaires envoyés aux candidats romands au Conseil national, près d’un quart nous ont été renvoyés, majoritairement par des représentants de la gauche. A l’autre bout du spectre politique, les évangéliques de l’UDF et les candidats UDC ont été relativement peu nombreux à répondre. On y retrouve quelques perles, notamment grâce aux évangéliques José Lorente (FR) et Serge Herren (VD) qui se déclarent «très favorables» au statut du coparent de même sexe. Prions pour qu’ils aient bien compris la question…

A la question préliminaire «En fait-on trop sur l’homosexualité dans le débat politique et médiatique?», les réponses sont presque unanimes: «Tant qu’il y aura discrimination et de la haine…» retrouve-t-on en substance chez plusieurs candidats. On en «ferait trop» en qualité, mais pas en qualité, répond Laurent Suter (PDC/NE): «Les débats sont médiocres, orientés par des images-types, faussés par des partis pris et des confusions.» «A mon avis, il faut en faire assez mais pas trop», remarque pour sa part Yann Delevaux (J.Rad./VD), «les gay prides sont, je pense le ‘trop’ dans un pays où l’homosexualité est déjà protégée et reconnue par la loi.» A l’occasion, les organisations gay en prennent pour leur grade, chez Jean-René Moret (UDF/VD), par exemple, qui dénonce «une posture de victime faisant passer toute contradiction pour un accès d’homophobie.», ou Dominique Baettig (UDC/JU) qui livre un avertissement cinglant: «Gare au retour de manivelle quand une minorité devient agressive et provocante!»

Tous les candidats sur: www.360.ch/elections

A/ HOMOPHOBIE Punir plus sévèrement les propos et actes motivés par la haine des personnes homosexuelles et transsexuelles, à l’instar des actes et propos racistes ou antisémites.

L’extension de la norme pénale dite antiraciste à l’orientation sexuelle est l’un des chevaux de bataille des organisations LGBT nationales. Cela constituerait un pas supplémentaire, notamment contre l’incitation à la haine des personnes homosexuelles. Pour Raphaël Comte (Rad./NE), comme de nombreux candidats, cela relève d’une évidence: «Il s’agit d’incitations à la haine contre des groupes de population, et ces incitations doivent être punies avec une sévérité égale, ceci dans un souci de paix sociale.» A cet égard, Barabra Lantheman (G.altern./VS) rappelle que la norme antiraciste elle-même doit être défendue politiquement, et invite les lesbiennes et les gays à «mener ce combat avec les autres minorités…» Sur un autre plan, les réticences sont assez nombreuses sur l’idée d’un renforcement de la répression: «La punition n’est jamais qu’un dernier recours», estime Cédric Castella (Ouv.et indép./FR), «La sévérité des peines ne résout pas la haine et l’apparition de la haine», rappelle François Haldemann (Rad./GE). De même, Christiane Jaquet (POP/VD) exprime des réserves sur une «criminalisation» excessive: «Je plaide pour la prévention, le développement du sens civique et la discussion la plus large possible, afin de ne pas voir dépérir tolérance et solidarité.» A contrario, Josette Farine (Ecol.lib./VD) s’indigne: «On n’a bientôt plus le droit de plaisanter sur certains sujets sans que cela soit pris pour du racisme ou autre.» Il est vrai que l’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui…

B / TRAVAIL «Mieux protéger les personnes homosexuelles et transsexuelles contre les discriminations sur le lieu de travail.»

Nos candidats sont peu diserts sur ce thème. De manière assez prévisible, tout le monde s’accorde à protéger toute personne victime de discrimination, plusieurs candidats expriment des doutes sur l’ampleur des discriminations et craignent qu’une législation spécifique entraîne des abus. Ainsi Eric Leyvraz (UDC/GE): «Que les homos ne mettent pas en avant leur différence pour crier au loup», tandis que Serge Herren (UDF/VD) fait ce constat désarmant: «Une personne homosexuelle peut ne pas faire état de orientation sexuelle – elle est de ce fait déjà protégée.» En l’occurrence, les rares politiques à évoquer concrètement les discriminations sont les candidats ouvertement gay et lesbiennes. Congé parental, célébration de partenariat: pour Elisabeth Wermelinger (PS/VD), des mesures sont nécessaires: «Nous devons continuer de nous battre pour que les règlements dans les entreprises interdisent en le spécifiant les discriminations contre les homosexuel-le-s et les transsexuel-le-s.» Et Pablo Garcia (J.Soc./GE) d’ajouter: «Dans un entretien d’embauche, dans la délivrance d’un bail, dans une carrière professionnelle, aucun homo, déclaré ou soupçonné, n’est à l’abri de dérives inacceptables.»

C / STATUT DU CO-PARENT «Lorsqu’un enfant est élevé au sein d’un couple de même sexe, le rôle du/de la conjoint/e du parent biologique doit être mieux reconnu légalement.»

En France, où le statut du conjoint du parent biologique (le «coparent») dans la famille recomposée est depuis peu à l’étude, on s’achemine vers une égalité de traitement entre homos et hétéros. On n’en est pas là en Suisse, même si la Loi sur le partenariat enregistré reconnaît déjà le rôle éducatif rempli par le ou la conjoint/e du parent biologique. Une reconnaissance limitée – que cependant aucun des candidats n’évoque. A l’inverse, nombreux sont ceux qui ne peuvent simplement pas envisager que le projet homoparental (par insémination artificielle avec donneur anonyme ou autres) comme un fait de société. Déni total pour Karim-Frédéric Marti (UDC/NE), qui décrète «Un enfant n’a pas être élevé par deux personnes du même sexe», ou Louis Singy (MCI/FR) «Non. [le/la partenaire] n’est pas parent.»
Mis à part «l’intérêt de l’enfant» cité à tout bout de champ, un autre aspect de la question semble préoccuper les candidats tous partis confondus: que le partenaire de même sexe ne «remplace» pas l’autre parent biologique. Certains le disent crument, comme Catherine Michaud (PDC/NE) «Il serait faux de laisser croire à un enfant qu’il peut être l’enfant de deux personnes du même sexe». D’autres sont plus nuancés. «Cela dépend de la place que prend l’autre parent biologique. Il ne peut s’agir en aucun cas de substituer le nouveau conjoint (homo ou hétéro) au parent biologique, qui doit être reconnu et encouragé dans sa parentalité», plaide Jean Rossiaud (Verts/GE). Pour Pierre Weiss (Lib./GE), il en va de la psychologie de l’enfant: «La construction de l’identité de l’enfant mérite de mettre au second plan le partenaire du parent.» Plus pragmatique, Jean-Michel Dolivo (Sol/VD) estime qu’il ne faut rien cacher à un enfant: «S’il est élevé par un couple de même sexe, il doit savoir que son père ou sa mère biologique n’est pas là parce que les personnes avec lesquelles il vit ont fait d’autre choix du point de vue de leur partenaire.» «Une personne qui s’engage activement dans l’éducation d’un enfant doit être reconnue dans ce rôle, indépendamment de son orientation sexuelle», soutient pour sa part Adèle Thorens (Verts/VD). A gauche, quelques rares candidats s’expriment à cette occasion en faveur de l’adoption pour le coparent de même sexe. C’est le cas, notamment, de Christian Levrat (PS/FR), Christophe Perron (Verts/FR) et Hélène Grand-Greub (POP/VD).

D / ECOLE «Encourager les institutions éducatives à aborder les questions de diversité sexuelle en toute neutralité.»

Ce n’est certes pas un sujet qu’un parlementaire fédéral à amené à traiter, puisqu’il l’est au niveau des cantons – avec plus ou moins de courage et de bonne volonté. Reste que pour faire évoluer la société, l’école reste incontournable. Mais l’homosexualité y est fort peu débattue, comme en témoigne par exemple Patrick Erard (Verts/FR), évoquant l’«omerta qui règne toujours un peu» en milieu scolaire. «L’homosexualité ne doit pas être un thème tabou. Il est juste d’en parler et d’expliquer aux enfants qu’un couple de même sexe n’est pas contre-nature» souligne Ursula Krattinger (PS/FR). Quant à Brigitte Schneider-Bideau (Verts/GE), elle estime qu’«il est très important que cette question soit abordée car beaucoup de jeunes savent très tôt quelles sont leurs préférences, et que l’homosexualité n’est pas un danger pour eux.»
L’enjeu est rappelé par plusieurs candidats: la prévention du suicide – mais aussi, tout simplement, le bien-être des jeunes «…d’autant plus si dans une société règne encore une certaine intolérance qui peut jeter les jeunes dans l’inquiétude ou même le désespoir», ajoute Jean-Marie Meilland (G.altern./VS). L’enjeu est tout autre pour les candidats hostiles à cette proposition, notamment Serge Herren (UDF/VD), qui s’alarme: «Cela compromettrait la famille traditionnelle et mettrait sur un pied d’égalité toutes formes de familles», tandis que Jean-René Moret (UDF/VD) ironise: «Un cours de biologie reproductive […] devrait suffire aux élèves pour comprendre ce qu’il en est.» «Moins en parlera, mieux ça vaudra», lance Karim-Frédéric Marti (UDC/NE) – un avis que ne partagent pas ses camarades de parti Dominique Baettig (JU) qui juge la proposition «utile», tout comme Eric Leyvraz (GE): «Information oui, prosélytisme non.»

E / PROCRÉATION ASSISTÉE «Autoriser les femmes homosexuelles à recourir à la procréation médicalement assistée en Suisse.»

Comme l’adoption, c’est une revendication qui a été délibérément occultée (sacrifiée diront certains) par les partisans du Partenariat enregistré lors de la campagne de 2005 pour la LPart. En attendant, nos voisins belges, espagnols ou scandinaves ont légiféré, et les couples de lesbiennes suisses sont de plus en plus nombreuses à prendre le chemin de Bruxelles ou Barcelone pour avoir recours à la procréation médicalement assistée. L’hypocrisie qui règne sur cette question est rappelée presque exclusivement par des femmes de gauche. Ainsi Gisèle Ory (PS/NE) compare la situation à «La politique de l’autruche» ou Monique Cahannes (PS/GE) qui souhaite plus de simplicité et de transparence, «car les femmes ont dû se débrouiller jusqu’ici.» De l’autre côté du spectre politique, les formules-chocs: «Pas de parentalité de synthèse. La loi naturelle doit rester évidente», assène Dominique Baettig (UDC/JU). La «loi naturelle»: au moins un candidat de chacun des principaux partis y fait référence: «Biologiquement, ce serait faux par rapport aux choix de vie fait par ces femmes», répond par exemple Jean-Carlo Pedroli (Verts/NE). Par ailleurs, la crainte d’un refus populaire massif d’une telle proposition est soulevé maintes fois… peut-être pour dissimuler une profonde perplexité. Au moins, Tomika Hegedüs-Connor (PDC/VD) voit le bon côté des choses: «Il y aura plus de naissance!» …Les lesbiennes à la rescousse de la natalité !

F / POLITIQUE EXTÉRIEURE La Suisse doit avoir une politique extérieure active en faveur des personnes menacées en raison de leur orientation ou identité sexuelle (notamment vis-à-vis d’Etats où l’homosexualité est passible de la prison ou de la peine de mort).

En 2004, le Conseil fédéral s’est engagé pour une politique extérieure de la Suisse intégrant le respect des minorités sexuelles «au cœur de la notion des droits de l’homme». Pourtant, selon les observateurs, la diplomatie suisse semble encore timorée dans ses contacts avec des Etats répressifs en matière d’homosexualité. La proposition soulève relativement peu d’objections, sinon basées sur la sempiternelle question de la neutralité. Benjamin Leroy-Beaulieu (EL/VD), quant à lui, s’interroge «Je pense que, pour que les mœurs changent réellement, il faut que le changement vienne de l’intérieur. A long terme, on rend un meilleur service aux homosexuels de ces pays en les laissant défendre leur cause eux-mêmes.» Parmi les candidats favorables à la proposition, plusieurs invoquent la stature internationale de la Suisse en matière de droits de l’homme. «Nous devons sortir de notre bulle et user de notre liberté de parole pour défendre celles et ceux qui ne l’ont pas. », résume Fabienne Bugnon (Verts/GE). Une politique active? «Forcément oui, mais vous voyez ça comment vous?», renvoie Blaise Fattebert (PS/VD). Une première réponse: l’asile. «Les homosexuels persécutés devraient voir leurs droits améliorés par l’asile en Suisse», pour François Haldemann (Rad./GE), une nécessité également rappelée par Elisabeth Wermelinger (PS/VD), Antoinette Romanens (PS/VD), Raphaël Comte (Rad./NE) ou Jocelyne Haller (Sol./GE).