Droit à l’Essentiel!
Prêt à l'impression après deux ans de réflexion et de travail, la nouvelle brochure romande d’information destinée aux jeunes hommes et femmes en questionnement sur leur identité et orientation sexuelle a encore besoin d’un petit coup de pouce.
S’étant fixé comme date-butoir celle du prochain «coming out day», le 11 octobre, la petite équipe de l’Essentiel, se démène. De lettres officielles aux fondations privées en demandes d’aide auprès des institutions fédérales, il leur reste encore à compléter les fonds nécessaires à l’impression de la toute nouvelle brochure consacrée au coming out et destinée aux garçons et filles romands de 16 à 25 ans. Mais l’équipe est optimiste: 20 000 exemplaires, pour un peu plus de 40 000 francs, c’est considérable, mais le jeu en vaut la chandelle: «C’est un format qui correspond au public auquel le projet s’adresse. Et quand les gens auront entre les mains, ils seront convaincus», assure Alexandre Robatel, l’un des responsables de l’association créée pour mener le projet à terme.
L’Essentiel se présentera comme un coffret CD, composé d’un livret de 32 pages illustrée par le dessinateur français Nicolas Jaquette, créateur de la BD Kevin & Alex et d’un CD comprenant notamment un mini-site, des témoignages, ainsi qu’un slam interprété par le groupe yverdonnois S4. Le document, bientôt consultable sur le site de l’Essentiel, comprend un lexique, des repères historiques, des adresses et des références. Il aborde en outre des questions de droit, de santé physique et mentale. Autant de points permettant à un/e jeune en recherche de son identité et orientation sexuelle d’avancer dans son cheminement personnel.
Fruit d’une réflexion entamée il y a presque deux ans, l’Essentiel avait été lancé dans la foulée des remous politiques provoqués par le lancement d’une brochure intitulée Ça va de soi. A cette occasion, les membres des associations gay et lesbiennes romands avaient exprimé le souhait de disposer d’un autre document, d’adressant aux filles comme aux garçons, et faisant la part belle aux témoignages.
Débats nourris
Penchées sur le berceau d’Essentiel, Pink Cross et LOS, les deux organisations faîtières gay et lesbiennes nationales ont assuré le suivi du projet au départ conçu comme une réalisation interassociative. «Au départ, il y a eu beaucoup de passage dans l’équipe avec des débat très nourris sur les thèmes à traiter», se souvient Sylvie Berrut, secrétaire romande de la LOS; «finalement, nous avons contacté des groupes de jeunes dans différents cantons, à travers le travail effectué par l’association La Boussole, pour savoir comment ces thèmes parlaient aux jeunes.» «Même si c’est un projet qui, au départ, a été suggéré par les organisations», précise son homologue de Pink Cross Jean-Paul Guisan, «c’est avant tout une initiative de groupes de jeunes, qui reflète leurs préoccupations et leur expérience. Et quand on leur demande aux jeunes quels sont les informations qui leur ont manqué, la toute première réponse qu’on obtient, c’est ‘J’aurais voulu savoir que je ne suis pas seul/e.’»
Vous pouvez soutenir le projet en adressant vos dons au CCP 17-747444-2
«Des jeunes qui parlent à d’autres jeunes»
Président de l’association neuchâteloise Happy Gays, Alain Borel [sur la photo], 21 ans, a participé aux réunions de 5 à 7 jeunes garçons et filles qui ont planché sur les thèmes et les textes de l’Essentiel. «On arrivait en principe avec un certains nombres de sujets, mais très souvent ce sont d’autres questions qui se sont imposés au fil des discussions. Par exemple, on a eu souvent plutôt que le sida et la santé, on voulait aborder des thèmes comme l’amour ou le bien-être. Dans l’ensemble, l’idée de base restait que ce soient des jeunes qui parlent à d’autres jeunes.»
Réunissant des garçons et des filles entre 17 et 23 ans, les séances ont donné lieur à des échanges de témoignages souvent prenants sur le coming out de chacun: «Pour beaucoup, cela s’est passé sans trop de dégâts, comme c’est le cas pour moi. Mais d’autres ont des histoires beaucoup plus dures. Mais ce qui est le plus important de montrer, c’est qu’ils ont réussi à les surmonter.»