L’UDC peut aller se brosser
Une élue du parti de droite a interpellé le Conseil fédéral sur le financement public d'une campagne visant à déstigmatiser et valoriser la pratique de la masturbation.
L’UDC croirait-elle encore que la branlette rend sourd ou fou? Une élue du parti de droite a déposé le mois dernier une interpellation contre l’utilisation des deniers publics pour la campagne «Brosse-toi» lancée par le Réseau jeunes de Santé sexuelle Suisse cet automne.
Parodie d’une vidéo de promotion de l’hygiène dentaire, la vidéo incriminée explique que la masturbation est aussi banale que le brossage de dents. Elle consiste en un montage de plans sur des personnages d’âge et d’expression de genre variés qui entretiennent leur sourire avec volupté, au lit, sous la douche, voire à deux.
Son objectif: combattre la honte qui flotte encore sur les plaisirs solitaires, et encourager les jeunes – singulièrement les jeunes filles – à aborder la question dans les cours d’éducation sexuelle.
Campagne «offensive»
Le clip n’a pas fait sourire Verena Herzog. La conseillère nationale thurgovienne, que l’on a vue aux avant-postes de l’opposition à la loi sur le mariage pour tous, a réclamé des explications au Conseil fédéral sur cette campagne qualifiée d’«offensive». L’interpellation suggère même de stopper le soutien financier de la Confédération à Santé sexuelle Suisse.
L’organisation est depuis longtemps dans le collimateur des ultraconservateurs, qui l’ont accusée d’inciter à la «sexualisation précoce» des enfants ou de colporter des «idéologies féministes gauchistes», note la «SonntagsZeitung». Le journal rappelle que 94% des femmes et 98% des hommes en Suisse reconnaissent s’adonner à la masturbation au moins une fois par an, selon une étude de 2019 menée par université de Berne.