Parlementaires genevois unanimes contre l’homophobie

Face à des parlementaires genevois qui ont fait bloc contre l’homophobie affichée par l’UDC dans sa nouvelle campagne, le parti populiste de droite fait marche arrière - et expose ses divisions au grand jour.

L’assemblée législative du Canton de Genève était appelée ce jeudi soir à se prononcer sur une motion socialiste appelant à l’interdiction d’une affiche diffusée par l’UDC en vue des votations du 20 mai, ainsi que sur une résolution déposée dans l’urgence par le Parti démocrate-chrétien «condamnant les procédés d’affichage discriminatoire et méprisant».

«Caution à l’homophobie»
Lors des débats solennels qui ont suivi, des représentants de tous les partis ont souligné le caractère indigne du contenu de l’affiche, invoquant la prétendue « infécondité » et la non moins fantasmatique « aisance » des couples de même sexe «pacsés» pour leur refuser l’égalité de traitement en matière de droit de succession (voir article précédent). La députée Ariane Wisard-Blum (les Verts) parle d’une «caution à l’homophobie», le libéral Pierre Weiss d’une «violation des valeurs qui transcendent nos partis, celles des droits de l’homme» et même Eric Stauffer, du très démagogique Mouvement citoyen genevois, évoque un texte qui «dépasse les bornes.» Pour sa part, le Conseiller d’Etat en charge de l’Intérieur Laurent Moutinot (socialiste) estime que l’affiche, «qui dans ses mots nous replonge dans une époque tragique», viole les principes de la Constitution fédérale. De ce fait, il appelle à son interdiction pure et simple.

Untermenschen
Or c’est sans doute des rangs de l’UDC qu’est venue l’une des condamnations les plus cinglantes de l’affiche électorale. Prenant la parole, le député Eric Leyvraz raconte sa stupéfaction et celle de ses collègues en découvrant l’affiche, qu’il dit préparée sans concertation par une fraction minoritaire du parti: «Il est inacceptable et lamentable de décrire [les personnes homosexuelles] comme affligées d’une tare, comme des sortes d’untermenschen. Ce n’est pas ce que pense le parti», martèle le député avant d’annoncer que des dispositions avaient d’ores et déjà été prises pour modifier, voire changer l’affiche.

Camouflet
Si la motion est finalement rejetée par 55 voix contre 23, la résolution est en revanche adoptée par 78 voix contre 2 – celles des députés UDC désavoués, dont Eric Bertinat, auteur la veille d’un dérapage homophobe aussi téméraire que grossier sur l’antenne de la télévision locale Léman Bleu. Même si elle s’affirme décidée à poursuivre son cavalier seul contre le projet de loi, l’UDC genevoise aura bien de la peine à surmonter ce camouflet d’autant plus humiliant qu’il révèle des divisions internes béantes entre pragmatiques et ultras incontrôlables.