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Transphobie: La confusion des genres

Dérapages médiatiques et déni des autorités : l’agression de deux trans, le mois dernier à Annecy, met en lumière le manque de reconnaissance et de juridiction en la matière.

L’affaire, c’est vrai, avait tout pour exciter l’intérêt des médias : deux transsexuelles donnant du fil à retordre à une dizaine de jeunes, début avril à Annecy. Pour résumer les faits, il est 2h30 du matin lorsque Constance (photo) et sa compagne sortent du Happy People, seul club gay de la cité haute-savoyarde, après y avoir passé la soirée. Elles sont alors prises à partie par un groupe de neuf hommes : on leur crache dessus depuis une voiture, on les insulte, les menace avec une arme de poing. Une bouteille en verre est lancée dans leur direction. Les deux trans ne vont pourtant pas battre en retraite, toutes deux pratiquant les sports de combat à haut niveau. Elles évitent les assauts et contiennent leurs agresseurs jusqu’à l’arrivée de la police, alertée par le voisinage. Cinq des neufs individus sont interpellés, les autres ayant réussi à prendre la fuite.

Mauvaise foi
Manchette et une d’un quotidien gratuit romand, info rapidement relayée par le site internet de Têtu, la presse s’empare de l’affaire. Mais au-delà du courage des victimes, les dérapages ne vont pas tarder. Après avoir titré le 7 avril « Deux transsexuelles agressées en pleine rue », le Dauphiné Libéré affiche le lendemain « Des travestis et non pas des transsexuelles ». Cité dans l’article, François Kaiser, substitut du procureur au tribunal de grande instance d’Annecy, estime qu’on « ne peut donc pas dire que cette échauffourée ait un caractère sexiste ou discriminatoire ». Toujours selon lui, « des insultes ont été proférées de part et d’autre, et l’ensemble des personnes étaient sous l’emprise de l’alcool ». Une dernière allégation que Constance réfute : « De toute façon, aucun alcootest n’a été pratiqué. »

Devant tant de mauvaise foi et une telle volonté de minimiser les faits, difficile de ne pas deviner des relents transphobes chez François Kaiser. C’est que sa marge de manœuvre est grande, au vu du flou juridique qui entoure les questions transgenres : sur le site internet de Têtu, le substitut déclare encore qu’il « s’agit bien de personnes de sexe masculin, non opérées et qui ne souhaitent pas l’être, semble-t-il ». « Non, je ne veux pas me faire opérer, mais oui, je suis trans, réagit Constance. Je prends des hormones, j’ai des seins, ma voix, mon corps, mon comportement se sont féminisés ; un travesti, quand il va faire ses courses, peut enlever sa perruque et se démaquiller. Moi je ne peux pas faire ça. » A noter que la Dauphiné Libéré corrigera le tir le 9 avril, en ouvrant le débat dans ses colonne sur « la signification des termes travesti et transsexuel ».

Transition permanente
On touche la question de fond. Être trans, est-ce forcément se conformer à une démarche – formatée au niveau médical – aboutissant au passage définitif vers le sexe opposé ? « Je me sens hybride, répond Constance, et je refuse cette volonté de classer les gens. Je pense que beaucoup de trans suivent le protocole et vont jusqu’au bout pour des questions de pression sociale et légale. » Car, comme le rappelle Margaret Ansah, responsable du service juridique de 360°, il n’existe pas de statut légal pour les transsexuel(les) en France comme en Suisse. « Aux yeux de la loi, on ne peut être que femme ou homme. Seule l’Angleterre a adopté une législation particulière quant au statut des personnes trans. » Et qu’en est-il du fait que Constance soit en relation avec une partenaire également transgenre ? « Moi je suis attiré par la féminité, répond l’intéressée, mais d’autres trans sont attirés par les garçons, les filles, les couples… ça n’a rien à voir ! Mais si François Kaiser ne veut pas nous reconnaître comme transsexuelles, il sera au moins obligé de nous considérer comme homo. » Ce qui, rappelons-le, est une circonstance aggravante dans le cadre d’une agression aux yeux de la justice française. Les procédures juridiques sont en cours.

La démarche de Constance marque-t-elle l’avènement d’un troisième sexe ? « C’est un comportement qui existe depuis longtemps, mais c’est vrai qu’il a tendance à devenir plus fréquent et revendiqué », note Sandra Mansi, responsable du groupe trans de 360°. Reste qu’une identité stable à la frontière entre les deux genres est d’autant plus difficile à faire reconnaître par la société. « C’est vrai, j’ai de la peine à supporter que François Kaiser m’appelle Monsieur au téléphone, conclut Constance. Mais l’agression a été relayée par de nombreuses associations en France, espérons que cela pourra faire bouger les choses.»

Photo: Lucien Fortunati

3 thoughts on “Transphobie: La confusion des genres

  1. Merci de ton soutien Jonas, reste à savoir si la presse audivisuelle aura le cran de nous interviewer et de faire avancer encore un peu plus la balle dans le camps des trans. Je viens d’avoir un appel de Tétu qui veut également faire gonfler l’affaire. A un mois de l’agression, il semble que la justice ne donne toujours pas signe de poursuites dans cette affaire, j’ai envoyé les rapports de Police à l’Association Chrysalide de Lyon afin que celle-ic nous guide dans notre démarche de nous porter partie civile contre les agresseurs et contre Mr Kaiser et ses diffamations honteuses.
    Un gros bisou à toute l’assos et je serai là le 20 mai pour la réu !!!

  2. Bravo Constance !
    Il existe autant d’individus que de pensée et de genres, l’humain a besoin parfois de pouvoir mettre des mots ou de catégoriser les choses pour se rassurer.
    Personnellement je penses que l’on est tous unique dans notre genre, je trouve génial que tu puisses l’assumer, mais vois-tu des que l’on ne rentre pas dans cette foutue (normalité ) on est jugé, critiqué et j’en passes, je crois qu’au fond que ce qui peut déranger peut également toucher, autrement cela ne donnerais pas autant de réactions, cela doit faire resurgir des propre identité ou part de féminité ou masculinité non assumée.
    Enfin voila je suis fort en pensée avec vous deux.
    Bisous
    Ken

  3. curieux les photos ne sont plus là ! c’est dommage

    Y a t’il une explication à cela ?

    bisoux

    Constance

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