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La mission était presque possible

Avec une épidémie toujours à la hausse parmi les gays et des résultats mitigés pour la dernière campagne de prévention déployée par l’Aide suisse contre le sida, les milieux de la prévention font grise mine. Mais ne baissent pas les bras.

Publiés le 2 février, les chiffres de l’épidémie de VIH/sida en Suisse pour 2008 confirment que la flambée de nouveaux cas constatée depuis 2002 au sein de la population gay n’est toujours pas maîtrisée. Avec au moins 327 nouvelles infections, les gays représentent, pour la première fois depuis dix ans, près de la moitié des nouvelles contaminations au VIH en Suisse. Un résultat décourageant? «Ce n’est pas le bon mot», corrige Roger Staub, responsable de la Section sida à l’Office fédéral de la Santé publique (OFSP), «mais en effet, nous ne sommes pas contents et nous nous posons des questions sur quoi faire.»
A l’Aide suisse contre le sida (ASS), la déception est d’autant plus vive que l’ambitieuse campagne «Mission: Possible», lancée en février 2008, semble être restée sans effet. Thomas Bucher, coordinateur de l’opération au sein de ASS, nuance toutefois : «On peut parler d’échec si l’on ne mesure le succès de l’opération qu’au nombre de nouvelles infections. Mais manifestement, une seule campagne ne suffit pas pour obtenir un fléchissement de tendance.»

Message flou
Avec ses logos jaunes tape-à-l’oeil et de nombreuses actions sur le terrain, notamment dans les clubs, la campagne tentait de toucher le sens des responsabilités de tous les gays. «Mission : Possible» encourageait ces derniers à prendre un engagement concret: trois mois de safer sex, au terme desquels, un test de dépistage gratuit leur était proposé. Parallèlement, la campagne avait pour objectif d’informer sur l’influence de la primo-infection (voir encadré) – un facteur capital dans la recrudescence de l’épidémie chez les gays.
Pourtant, le message semble être resté flou pour une partie du public gay. L’évaluation de la campagne effectuée par l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMSP) de Lausanne note que l’objectif et la trame logique de la mission n’ont pas toujours été identifiés, notamment en Suisse romande, avec de nettes disparités quant aux connaissances sur la primo-infection. «La primo-infection est très significative pour l’épidémie», souligne Thomas Bucher de l’ASS, «C’est pourquoi nous devons veiller à ce que les hommes gays soient encore mieux informés à ce sujet. En outre, nous devons clarifier nos messages et les rendre plus compréhensibles.» Autre enseignement de l’évaluation de l’IUMSP: la campagne aurait peu touché les gays ne pratiquant pas, ou pratiquant de manière non systématique, le safer sex. Avec pour conséquence une influence très marginale sur les comportements de protection.
Les différents acteurs de la campagne reconnaissent que « Mission Possible » a souffert d’une mise en place quelque peu précipitée. Quant à la question de son coût, que certains au sein de la scène gay estimaient exorbitant, Roger Staub affirme qu’il n’a dépassé que de 10% le budget d’une campagne habituelle. «Et nous aurions dû certainement investir davantage pour mieux préparer le terrain», ajoute le chef de la section sida à l’OFSP.

Une campagne «utopique»?
«J’ai toujours trouvé que cette campagne avait un caractère utopique», avoue Vincent Jobin, chef de projet Santé sexuelle à Dialogai-Checkpoint, à Genève. «Quand nous en avons parlé à l’étranger, les gens ouvraient de grands yeux. J’ai des critiques, mais je reconnais que cette campagne a aussi suscité beaucoup d’enthousiasme et de débats, et qu’elle nous a apporté des enseignements très utiles.»
Reste qu’en lançant le défi de « Mission: Possible », les acteurs de la prévention ont pris un pari sur une baisse des infections chez les gays. Un pari pour le moins risqué, au moment où les budgets sont sous pression et les dépenses de santé publique passées au crible. Dès lors, l’échec relatif de «Mission: Possible» n’expose-t-il pas le domaine de la prévention VIH à des attaques politiques? A l’OFSP, Roger Staub paraît totalement serein : «Il n’y a pas de pression et ce type de réactions politiques ne remonte pas jusqu’à Berne.»

La primo-infection

Première phase de l’infection au VIH, elle suit immédiatement la transmission du virus, et se manifeste souvent par des symptômes ressemblant à la grippe (dans 70% des cas). Pendant cette période (jusqu’à 60 jours environ), les personnes sont extrêmement infectieuses, la quantité de virus dans le sang étant très élevée.

2 thoughts on “La mission était presque possible

  1. Je crois qu’en effet la campagne avait un caractère ´utopique´. Mais ça valait la peine de tenter le coup et il ne faudra jamais baisser les bras face à ce problème existentiel dans notre milieu homosexuel. Sans les campagnes de prévention, la situation serait sans doute bien pire encore.

    Néanmoins, je suis toujours resté sceptique face à ces campagnes de prévention.

    En effet, j’ai toujours pensé qu’il fallait agir à la toute base du problème. Le problème dans notre milieu, c’est tout ce qui pourrait amener les gens à avoir des comportements à risques, y compris les rapports sexuelles à risques. Et quand je regarde au tour de moi, j’ai bien l’impression qu’une grande partie d’entre nous se sent seul, exclu, rejeté, n’arrive pas à s’épanouir, a peur du lendemain, ne s’accepte pas, ne s’assume pas, ne s’aime pas, etc. En gros, une grande partie d’entre nous peuvent avoir des signes de dépression de légère à sévère. Et comment veut-on qu’une personne qui ne se sent pas bien moralement et qui ne s’aime pas se protège et pense à préserver sa santé ? Impossible…

    C’est là qu’il faut agir. Et d’ailleurs je loue la nouvelle campagne de prévention sur la dépression, Blues-out, de Dialogai.

    J’espère vraiment qu’on aura un jour un avenir meilleur dans notre milieu ! 😉

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