Lausanne
#non mixte

Zeus

sam 4 mai, 21:00
Lausanne

Guinguette Queer

dim 5 mai, 15:00
Lausanne
#places à gagner

The Armed

mer 5 juin, 19:30
Lausanne
#places à gagner

Sainte-Aube

mar 7 mai, 18:30

Quand votre vie privée dérange le patron…

Mise au placard à cause de son homosexualité, une employée d’une grande banque genevoise a réussi à faire reconnaître par un tribunal les propos homophobes tenus par le PDG à son encontre.

Une employée modèle, c’était ce que semblaient indiquer les certificats de travail de Mireille*. Pendant cinq ans, cette jeune femme dynamique et sympathique était comme un poisson dans l’eau au sein d’une grande banque de la place de Genève. Assistante de direction, elle s’y était taillé une excellente réputation et vu confier des responsabilités importantes. Jusqu’à ce jour de 2005 où son chef, avec qui elle travaillait étroitement, quitte l’établissement pour un nouveau poste. Là, comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, la jeune femme apprend que «sa vie privée dérange la banque». C’est en substance ce que lui confie l’un des membres de l’équipe de direction, qui lui relate des propos tenus par le PDG à son encontre. Dans la foulée, on précise à Mireille que le grand patron s’est notamment indigné d’un tatouage que Mireille porte au bras.
La jeune femme est profondément blessée par ces propos incompréhensibles émanant du PDG, avec lequel elle n’a que très rarement affaire. Ses rapports avec ses collègues et supérieurs sont excellents, et elle est toujours restée très discrète sur son homosexualité – sans toutefois la cacher. Tout juste a-t-elle, peu de temps auparavant, communiqué son certificat de pacs français au fonds de prévoyance.

Douche froide
Quelques mois s’écoulent paisiblement. Elle assiste alors un chef par intérim avec qui la collaboration se déroule sans aucun problème. Mais quand celui-ci cède sa place à une nouvelle responsable, c’est la douche froide. «Ça s’est enchaîné presque du jour au lendemain. A croire qu’ils étaient dans les starting-blocks.» Censée être son assistante directe, Mireille est totalement ignorée par sa nouvelle cheffe. «On m’a repris une à une toutes mes tâches, puis commencé à m’envoyer dans d’autres services en me demandant si je n’envisageais pas de quitter la banque…», raconte Mireille. «Tu as de belles relations, des activités qui te correspondent, et tout d’un coup, c’est comme si tu n’existais plus»
Tandis que la porte du placard se referme sur elle, Mireille s’accroche et donne le change. Discrètement, elle se renseigne auprès d’amis avocats, qui lui conseillent de documenter tout ce qui lui arrive, afin de se constituer un dossier. Des précautions qui s’avéreront fort utiles.
Finalement, Mireille reçoit sa lettre de licenciement, au motif de la «restructuration» du département. Le congé est assorti d’un délai de six mois durant lequel, lui précise-t-on bien, on fera tout le possible pour la replacer à l’interne. Au lieu de quoi, non seulement Mireille voit un poste lui passer devant le nez, mais son ancien poste d’assistante de direction est remis au concours deux semaines à peine après réception de sa lettre de congé. «A ce moment-là, c’était clair: j’étais sûre que ma place n’était plus dans la banque.» Amère, Mireille trouve un nouvel emploi et quitte la banque avant la fin de son délai de licenciement.

Plein la figure
Fin de l’histoire? Ce n’est pas vraiment le genre de Mireille, qui se décide à poursuivre son ancien employeur devant le Tribunal des prud’hommes. Une démarche entamée après mûre réflexion: «J’avais quelques craintes à rebrasser cette période douloureuse. On m’avait mise au courant de ce que cela impliquerait. Mais je ne l’ai pas vraiment fait pour moi. Je ne voulais pas que cela se reproduise avec quelqu’un d’autre.» Suivent 18 mois où Mireille se retrouve «comme le petit bonhomme devant les chars d’assaut de la place Tien-An-Men»… avec dans le rôle des blindés chinois, les trois avocats de la banque. «On s’en ramasse plein la figure et on ne connaît pas l’issue. Je peux dire que ça a pesé très lourd dans ma vie.»
Pourtant, la défense de la banque s’effrite vite. A la barre, les Ressources humaines évoquent des postes proposés à Mireille, mais se montrent curieusement incapables de se souvenir lesquels; dans ses petits souliers, le directeur général qui avait averti Mireille se perd en justifications, laissant entendre que c’était Mireille elle-même qui était venue le voir pour lui parler d’une prétendue «mauvaise ambiance» causée par son homosexualité; il évoque des «problèmes» avec certains collaborateurs, mais est incapable de citer lesquels. Enfin, comme prévu, le PDG balaie tout préjugé homophobe. Face à eux, Mireille et son avocate mettent en évidence contradictions et invraisemblances dans les dépositions de la partie adverse. Il apparaît rapidement que le motif de la «restructuration» dissimule d’autres motifs ayant mené au licenciement de Mireille.
Tombé en avril 2008, le premier jugement aux Prud’hommes reconnaît le caractère homophobe du licenciement de Mireille. La banque fait appel. Le nouveau verdict, rendu le 18 septembre dernier, confirme la condamnation, avec un bémol: la Cour ne fait pas le lien entre le licenciement et les propos homophobes imputés au PDG (voir encadré). Reste que pour Mireille, qui avait demandé une indemnité modeste, l’objectif est atteint: la direction générale aura reçu une leçon. «On peut aussi affronter des gros calibres et gagner», résume Mireille. Aujourd’hui sereine, elle peine encore à réaliser ce qui lui est arrivé : «J’avais passé sept ans à travailler dans le milieu du bâtiment, plus rude et plus macho, jamais je n’avais rencontré ce type de problème. Je me suis rendu compte à quel point il est plus ouvert que le milieu feutré de la banque, où rien ne se dit.»

* Prénom d’emprunt

Des cas délicats à plaider

Il n’est pas rare que des affaires de mobbing à caractère homophobe arrivent au service juridique d’Espace 360 à Genève. Mais ils restent très délicats à plaider, dans la mesure où l’homophobie n’est presque jamais exprimée, précise Me Margaret Ansah, l’avocate de Mireille. «On peut dire que dans ce cas, ma cliente a eu la ‘chance’ qu’une fuite lui ait rendu compte des propos du PDG.» L’affaire a nécessité un «travail de fourmi» pour établir une corrélation entre l’attitude du PDG et le licenciement: par exemple, le refus de la banque d’accorder l’égalité aux employés pacsés ou le non-replacement de Mireille dans un contexte où la banque engageait à tour de bras, par exemple. Un faisceau d’indices qui n’a toutefois pas entièrement convaincu la Cour en appel. Reste que le jugement a relevé le caractère «objectivement choquant et inadmissible» des propos imputés au PDG, et souligné que cela aurait pu justifier une indemnité pour tort moral. F.T.

https://www.360.ch/espace/aide_juridique

«Une chance d’apprendre»

Depuis 10 ans, Esther Lauper s’occupe de prévenir, intervenir et réintégrer les victimes de mobbing dans le cadre de l’entreprise.

Est-il fréquent de voir des collaboratrices ou collaborateurs à cause de leurs préférences sexuelles?
Esther Lauper : Il me semble que dans les grandes entreprises, de plus en plus d’employé-e-s s’adressent au service du personnel à cause de mobbing en raison de leur orientation sexuelle. Souvent, il est difficile d’établir pourquoi une personne est véritablement victime de mobbing. Quiconque s’écarte de la norme court le risque d’être mis à l’écart. Et qu’il y ait des gens pour être irrités par l’homosexualité, c’est malheureusement un fait.

Démissionner apparaît souvent comme la seule issue. On ne peut donc pas se défendre contre le mobbing?
Bien sûr que si! Il y a toujours plus d’entreprises qui prennent cette question au sérieux et veulent stopper le mobbing – souvent avec succès. On peut arriver à une solution où tout le monde s’assoit autour d’une table et donne sa version. C’est le cas de figure idéal où la victime de mobbing garde son job et évite un traumatisme qui peut lui coûter d’autres places de travail. Pour les personnes qui pratiquent le mobbing, c’est aussi l’occasion de résoudre les problèmes de manière non-destructive. Quant à l’entreprise, elle s’épargne de coûteux congés maladie. Enfin, c’est positif pour la culture et l’image de l’entreprise.

Comment se prévenir du mobbing ?
Commencer par flairer l’atmosphère, ressentir la culture de la boîte. Eviter de mettre les pieds dans le plat: quand on entre de manière trop brusque ou provocatrice, on peut susciter des réactions de défense. Il est important de tisser un réseau, de soigner ses relations, afin de se sentir très vite soutenus par quelques collègues. Enfin, en cas de mobbing, il peut s’avérer décisif de faire appel très tôt à un conseil professionnel.
Propos recueillis par Marcel Friedli, Akut Magazin

Photo: Etienne Delacrétaz

One thought on “Quand votre vie privée dérange le patron…

  1. pourquoi ne pas donner le nom de la banque en question? Des banques aussi sectaires il faut le faire savoir. Tant que les gays ne dénoncent pas ouvertement à ciel ouvert ces pratiques indignes les patrons peuvent continuer ils sont à l’abri de représailles et de l’opprobe générale!!
    Si l’on étalait systématiquement dans les journaux les propos indignes de ces patrons en nommant la boite et le nom du patron celui-ci réfléchirait à deux fois avant de se lancer dans ce genre d’aventure

Comments are closed.