Fribourg

Queer Studies Week

lun 13 mai - ven 17 mai
Brigue

Regenbogenbombe!

sam 11 mai, 13:00
Neuchâtel

Rainbow Warriors Tour

ven 3 mai, 22:00
Genève
#Musique

Gaye Su Akyol

sam 18 mai, 20:30

«Mon engagement politique est lié au sentiment d’injustice»

«Mon engagement politique est lié au sentiment d’injustice»

Thierry Apothéloz est candidat au gouvernement genevois. L’actuel magistrat socialiste de Vernier souhaite redéfinir les structures sociales. Portrait.

Le 13 mai 2017, le parti socialiste choisit, dans la salle communale du Petit-Lancy, ses trois candidats pour le Conseil d’Etat. Devant Sandrine Salerno et Anne Emery-Torracinta, Thierry Apothéloz l’emporte en récoltant 257 voix sur 427. Derrière ce succès se cachent la campagne et l’engagement du maire de Vernier, déjà candidat en 2013. Si son envolée politique s’était alors arrêtée aux portes du Conseil d’Etat, il sait que l’étape était indispensable. «C’est très intéressant rétrospectivement. On a parfois besoin d’un deuxième coup pour réussir. J’ai beaucoup appris depuis. En 2013, parmi les raisons qui font que cela n’a pas marché, c’est que les gens ne me connaissaient pas au niveau cantonal. On me reprochait un problème de clarté de mon message dans les médias comme dans les débats. J’étais tellement enthousiaste que je voulais m’exprimer sur tous les sujets. Mais ça, depuis 2013, je le travaille et me recentre sur ce qui fait ma compétence et mes forces.» Aussi, une semaine après son échec, Thierry Apothéloz sait qu’il se relancera. Il s’organise différemment, comble les questions de notoriété, travaille sur les éléments de forme comme de fond, tout en développant ses réseaux. En 2015, les élections communales font de son conseil administratif le seul du canton à être réélu au premier tour. L’opération est en route.

Entraide
L’engagement de l’homme fort du PS n’est pas un choix, il existe en lui depuis toujours. «Déjà en primaire, mon prof notait dans mon carnet que je m’occupais un peu trop des autres. J’étais dans une classe normale mais avec des copains qui n’allaient pas toujours très bien, du coup, j’étais très investi. Au cycle, je me suis engagé dans l’association Coup de main Coudriers, avec une grosse action d’entraide humanitaire, que j’ai poursuivie ensuite à l’école de commerce. Travailler dans le social était une suite logique et évidente.» D’un foyer pour adolescents au Locle (NE) au service de protection des mineurs à Genève, Thierry Apothéloz s’engage avec autant de naturel en politique. «La politique est un bon complément. En tant que travailleur social, on se concentre sur des individus, sur des familles. En politique, on agit à un niveau supérieur, une commune ou au canton à l’avenir, je l’espère. Plus intérieurement, mon engagement politique est lié au sentiment d’injustice qui génère chez moi une volonté d’agir et d’arriver à peser sur des décisions. J’ai toujours été dans une dynamique collective, participative, avec le besoin d’apporter une pierre à l’édifice et de contribuer autant que je peux à améliorer la qualité de vie des habitant.e.s.» Et c’est à Vernier qu’il fait ses preuves. Quand une manchette d’un média genevois traite la commune de «cité-poubelle», il sait que ses habitants méritent de vraies solutions. Il s’applique à en faire un espace innovant en matière sociale, capable de proposer des projets pour une vraie réponse aux habitants, comme les correspondants de nuit ou un service emploi pour rapprocher entreprises et personnes à la recherche d’une activité.

Ce sentiment d’injustice qu’il perçoit dans la société est nourri par le fait que les gens n’ont pas les mêmes chances au départ. Il souhaite promouvoir l’égalité et les opportunités. S’il n’a pas directement subi d’injustices, l’environnement ouvrier dans lequel il grandit aux Avanchets l’inspire dans son combat à défendre la cause de la classe moyenne et les plus vulnérables. Ses parents, orphelins très tôt, investissent énormément dans la famille lui offrent une vraie liberté de faire ses expériences et le laissent s’engager dans les associations qu’il crée «pour changer le monde».

Coming-out
Ce cadre aimant lui permet aussi, quelques années plus tard, de faire son coming-out. «C’est arrivé un peu comme tout le monde vers la fin de l’adolescence, avec un processus classique de compréhension de ce qui se passe, d’acceptation, de devoir faire face au regard des autres, avant de tomber sur l’homme de ma vie avec qui je vis depuis.» Thierry Apothéloz le vit bien. Le nom de son partenaire figure à côté du sien sur sa boîte aux lettres, à Vernier comme dans sa famille, les gens le savent, et ce ne sont pas les quelques attaques du MCG en 2013 qui changent l’opinion. La défense des droits LGBTIQ s’insère naturellement dans son programme. «Je pense que la lutte est particulièrement importante de ce qu’elle montre dans le rapport des gens les uns avec les autres, la façon dont on incarne et intègre la différence avec laquelle on vit. Aujourd’hui, la société suisse a largement intégré cette question. Même si la situation est encore fragile. Comme ces propos homophobes balancés par un élu en Ville de Genève. Il y a donc beaucoup à faire, notamment dans le domaine du travail ou du sport. Le mariage pour tous doit être possible. Je regrette amèrement la décision récente du Conseil national de refuser de pénaliser l’homophobie. Nous devons retourner à ce combat fondamental.»

«Je veux donner des solutions à des gens qui n’en ont pas, c’est ça mon rêve.» Thierry Apothéloz

Fort de son expérience de terrain à la tête de l’Association des communes genevoises et de ses 14 ans à l’Exécutif de la ville de Vernier, Thierry Apothéloz a un programme nourri tant de ses expériences personnelles que professionnelles «Ma motivation n’a pas changé. J’entre dans la course au Conseil d’Etat pour apporter à Genève de nouvelles perspectives en matière d’innovation sociale. Les gens ont besoin d’avoir des perspectives, des horizons, une dynamique de fierté et de dignité. Les jeunes par exemple à l’aide sociale, c’est impensable dans ma vision de la société. L’aide sociale n’est pas une fin en soi. Je veux leur proposer autre chose: une formation ou une insertion professionnelle réussie. Le Canton doit également proposer des solutions concrètes aux conséquences du vieillissement de la population. Nous avons du retard dans ce domaine – comme dans d’autres en matière de justice sociale.»

Pour cela, le candidat au Conseil d’Etat souhaite inverser la temporalité et arrêter d’avoir une politique du court terme. La prévention, notamment de la santé, doit reprendre ses droits. De son bilan à la tête de Vernier, il souhaite apporter son expérience dans d’autres domaines également: la petite enfance, la sécurité dans l’espace public, la relation aux entreprises ou encore la formation. S’il est élu au Conseil d’Etat en 2018, Thierry Apothéloz souhaite imaginer Genève autrement. «Je veux ne laisser personne sur le bord de la route, et investir dans des programmes innovants grâce à une administration motivée qui redevienne elle-même génératrice de solutions. Mon rêve pour Genève, c’est de donner ce souffle dont elle a besoin pour la sortir de son marasme, en portant un regard lucide sur les difficultés. Je veux donner des perspectives à notre population et à nos institutions. Je veux donner des solutions à des gens qui n’en ont pas, c’est ça mon rêve.».

Dans la course

Les élections au Conseil d’etat verront les candidats s’affronter pour les sept places à pourvoir en 2018. S’ils étaient 29 en 2013, les partis ont commencé à présenter celles et ceux qui défendront leurs couleurs l’an prochain. A gauche, le Parti socialiste propose un ticket à trois, avec Thierry Apothéloz, de la Sandrine Salerno et la conseillère d’etat sortante Anne Emery-Torracinta, de même que les Verts avec leur magistrat sortant Antonio Hodgers ainsi que Marjorie de Chastonay et Yvan Rochat. A droite, l’UDC choisit également un trio avec le conseiller national Yves Nidegger et les députés Thomas Bläsi et Stéphane Florey. Le PDC présentera ses deux conseillers d’etat sortant, Luc Barthassat et Serge Dal Busco, tandis que le PLR renouvelle sa confiance à Pierre Maudet, aux côtés des députés, Nathalie Fontanet et Alexandre de Senarclans. enfin, le MCG soutiendra sans doute son candidat sortant Mauro Poggia, tandis que le désormais chef de Genève en marche, Eric Stauffer, se profile également dans la course.