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Faute d’y être autorisées par la législation de leur pays, de plus en plus de lesbiennes françaises et suisses en désir d’enfant optent pour une insémination artificielle en Belgique, pays où les cliniques font face à une explosion de la demande. Des quotas sont instaurés et les délais d’attente ne cessent de s’allonge …

Voilà plus de vingt ans que le service de gynécologie-obstétrique de clinique Erasme de Bruxelles accueille des lesbiennes étrangères souhaitant bénéficier d’une insémination artificielle avec donneur (IAD). Le Pr Yvon Englert, chef du service, met un point d’honneur à accueillir toutes les femmes en désir d’enfant. Selon ce militant de la première heure, «l’acte médical ne se justifie pas seulement par son aspect thérapeutique mais aussi par le soulagement qu’il apporte, en l’occurrence à la souffrance de ne pas avoir d’enfant.» Et le médecin de dénoncer la frilosité française en matière d’homoparentalité: «Il est tout de même paradoxal qu’un pays aussi bien-pensant que le nôtre, l’un des derniers à admettre l’avortement, se retrouve plus tolérant que la France, paradis de la liberté, de l’égalité et de la fraternité!» De fait, la loi française de bioéthique de 1994 réserve l’assistance médicale à la procréation aux couples hétérosexuels. Quant à la Suisse, les revendications liées au droit à l’adoption et à la procréation médicalement assistée ont été écartées des débats sur le partenariat enregistré pour ne pas effrayer l’opinion. Le Professeur Paul Devroeye, responsable du service de procréation de l’AZ-VUB, l’hôpital de l’université flamande de Bruxelles, et vice-président du comité belge de bioéthique, dénonce cette hypocrisie qui maintient le tabou sur ces questions pourtant fondamentales et aboutit à «évacuer les problèmes» vers les Etats voisins plus ouverts.
Mais l’ouverture belge semble avoir ses limites. Au sein même de la clinique Erasme, certains médecins se plaignent de «s’éloigner de leur métier de base», à savoir: aider les couples hétérosexuels infertiles, pour faire exclusivement de l’«assistance à la procréation.» Il faut dire que le phénomène, autrefois minoritaire, des «bébés Thalys» (le nom du TGV qui relie Paris à Bruxelles) est en pleine explosion. La proportion des homosexuelles prises en charge n’a cessé de croître ces dernières années pour atteindre 70% des IAD pratiquées aujourd’hui en Belgique. «Nous sommes submergés de demandes, déclare le Dr Anne Delbaere, médecin résidente. Nous avons été obligés de fixer des quotas.» L’hôpital, qui s’est vu contraint en 2002 de lancer une grande campagne de recrutement de donneurs de sperme, a décidé de limiter depuis lors sa prise en charge des femmes françaises à 600 cas par an, hétéro et homosexuelles confondues. Et la liste d’attente ne cesse de s’allonger. «Le standard ouvre quatre fois par an seulement et il y a une telle demande qu’en une demi-heure, on remplit notre carnet de rendez-vous pour trois mois!» Une inscription qui ne vaut que pour un premier rendez-vous avec un psychologue et un gynécologue, il faudra encore patienter, jusqu’à un an parfois, avant l’IAD proprement dite! Et selon l’APGL*, la situation n’est pas meilleure dans les établissements belges privés, où des patientes françaises doivent patienter jusqu’à six mois avant la première insémination.

Coûteuse alternative: l’Espagne
Echaudées, certaines lesbiennes se tournent vers l’Espagne, nouveau leader en matière d’égalité entre les couples hétérosexuels et homosexuels et où une quinzaine d’instituts spécialisés sont prêts à les accueillir. Les délais d’attente y sont plus courts qu’en Belgique mais les tarifs beaucoup plus élevés qu’en Belgique. Selon l’APGL, il faut compter entre 800 à 1 200 euros par tentative d’insémination – hors frais de transport et d’hébergement! Des tarifs prohibitifs, mais qui reflètent l’état actuel du «marché» de l’IAD. Et les réformes légales introduites dans différents états européens comme la Suède, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, qui interdisent les dons de sperme anonymes, ne devraient rien arranger.
La Belgique, elle, essaye de s’adapter. Pour réduire les délais d’attente, certains établissements ont supprimé les entretiens psychologiques pour les couples de femmes, qui de toute façon arrivent avec des projets parentaux plus aboutis et semblent mieux préparés qu’il y a une dizaine d’année. Les pouvoirs publics ont eux aussi décidé de réagir. Jusque-là, la Belgique avait préféré ne pas légiférer sur l’insémination avec donneur, laissant aux responsables des centres le soin de déterminer leur ligne de conduite. Depuis mars 2007, la loi autorise enfin tous les établissements belges à recourir à l’IAD pour les lesbiennes. Une mesure bienvenue mais dont l’effet restera relatif tant que la Belgique ou l’Espagne auront à pallier l’absence de prise en charge de leurs frileux voisins européens.

*Association française des parents et futurs parents gays et lesbiens, www.apgl.asso.fr

Florent Pommier et Guillaume Mandicourt