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Mais où sont-elles donc toutes passées?

Si à Londres, Berlin ou Barcelone, les spectacles de travestis restent indissociables de la scène gay, les anciennes reines de la nuit homo ne sont plus guère visible en Suisse. Petit état des lieux, à quelques jours de l’élection de Miss Drag Queen 2007.

En Suisse, les temps sont durs pour les fans des créatures à talons-aiguille et perruque géante. La majorité des lieux ont disparu, tout comme la plupart des grandes figures de travesti. Les voilà démaquillées, leurs robes sagement pendues sur des cintres. Tout juste un regard mélancolique sur une perruque du bon vieux temps… Même à Zurich, jadis véritable Mecque du «drag show», rares sont les boîtes gay qui accueillent encore ce type de spectacle. Seule la scène du «T & M» voit encore passer, de temps à autres, quelques silhouettes en robe de soirée excentrique. Robert Zbinden, du «T & M» le reconnaît volontiers: «Autrefois, nous organisions bien plus de shows – des revues avec de beaux costumes. Aujourd’hui, ça n’attire plus. Il faut maintenant des artistes avec du bagout. Le public est devenu bien plus exigeant.» Et à mesure que les exigences augmentent, les prix aussi – devenant inabordables pour certains patrons d’établissement.

Qui veut renfiler la perruque ?
Yves Oppliger, s’est justement fixé comme objectif de découvrir de nouveaux talents. Passionné de transformisme et lui-même travesti à ses heures, il organise cette année la 2e édition de l’élection de Miss Drag Queen Suisse, avec pour objectif d’encourager la relève. «Les plus anciennes ne veulent plus se présenter à ce genre d’élection, note Yves Oppliger. Alors on se retrouve avec beaucoup de jeunes concurrentes venues de tout le pays.» C’est donc vrai, il y aurait des jeunes pour renfiler la perruque? L’organisateur refuse de laisser croire que les drag show soient pas passés de mode: «Ça dépend où l’on va. A Bâle, par exemple, le Tuntenball fait partie intégrante du calendrier gay.»

Reste à savoir si les goûts du public n’ont pas radicalement changé. Lorsqu’un samedi, au Labor Bar de Zurich, une troupe de drag queens danoises montent sur scène, les habitués désertent et vont continuer leurs discussions plus loin. De fait, beaucoup de gays ne se reconnaissent pas dans la culture camp, «folle», des shows de travestis. «De ce point de vue, le public est très conventionnel, admet Robert Zbinden, c’est plutôt l’homme sexy qui est à la mode.» Car évidemment, c’est le culte de la masculinité qui domine sur la scène gay.
La robe-fourreau étant devenue aussi indispensable à la culture gay que le peigne à la culture punk, les accessoires et les styles ont changé: Exit talons aiguille, poudre et foulards mauves – aujourd’hui, c’est baskets et débardeur obligatoires. De même, dans la plupart des grandes soirées gay d’aujourd’hui, ce sont les corps bodybuildés des gogo-dancers qui se balancent. Quant aux travestis – partie intégrante de la culture homosexuelle depuis le début du 20e siècle et symbole des émeutes de Stonewall – elles ne sont plus les bienvenues.

Fans invétérés et public hétéro
Détentrice du titre de Miss Drag Queen Suisse, Miss Josy constate avec mélancolie: «Les opportunités de se produire sont rares. La demande n’est pas très importante.» Avec sa troupe «Daisy Entertainment», elle se produit lors de galas ou de fêtes privées devant un public très mélangé. «Nous avons quelques fans gay invétérés, sinon la majorité de notre public est hétéro, et plutôt dans la classe d’âge supérieure.»

Des shows sont également donnés dans de petits bars de la scène gay ou lors de revues pour un public plus large, généralement hétéro. Les drag queens sont donc encore bel et bien là – juste un peu en marge du circuit gay. Les militantes sur talons ont pris de l’âge, mais elles n’en sont que d’autant plus déterminées à combattre pour la place du make-up au sein de la culture gay. Pas question de signer sa défaite et d’abandonner le terrain aux «métrosexuels». La confusion des genres se produit également sur la scène underground, à la manière du film Hedwig and the Angry Inch de John Cameron Mitchell, qui montre la richesse de la sous-culture queer. Car les travestis peuvent finalement aussi être in. Robert Zbinden en est même convaincu: Un de ces jours, les robes de soirées seront de retour sur la scène zurichoise.

L’élection de Miss Drag Queen Suisse 2007 aura lieu le 14 avril au Bernhardtheater de Zurich. Informations et réservation : www.missdragqueen.ch
Quelques adresses
> Carla’s Schwanen Beizli. L’ultime bastion. Josefstrasse 151, 8005 Zürich. Tél. 044 273 28 58.
> Restaurant Hirscheneck «Tuntenball» (le bal des tantes), soirée travesti d’obédience queer et alternative. Tous les dimanches dès 21h. www.hirscheneck.ch
> Le New Titanic; 23, rue de Monthoux à Genève. Show transformiste les jeudis soirs, 23h. Tél. 022 731 64 61.