L’éducation sexuelle précoce? Encore un coup des gays!
L'initiative ultraconservatrice contre la «sexualisation à l'école maternelle et primaire» a été déposée hier. Ses partisans n'hésitent pas à agiter le spectre du lobby homosexuel dans leur croisade.
L’offensive ultraconservatrice se poursuit en Suisse. Après la votation sur un possible déremboursement de l’avortement, prévue le 9 février prochain, les électeurs devraient être appelés aux urnes pour s’exprimer sur des limitations à l’enseignement de la sexualité. Hier mardi, les 110’000 signatures à l’initiative «Pour la protection contre la sexualisation à l’école maternelle et primaire» ont été déposées à la Chancellerie fédérale.
«Dérives»
Sous cet intitulé, on trouve un texte préparé par les milieux évangélique et des associations de parents, qui dénoncent les «dérives» de l’éducation sexuelle. En ligne de mire: un programme bâlois qui proposait un kit pédagogique comprenant des organes génitaux en bois ou en peluche. Il avait suscité un tollé en 2011. Les initiants espèrent interdire tout enseignement avant 9 ans, et n’introduire les cours obligatoires d’éducation sexuelle qu’à 12 ans… dans le cadre de la biologie, bien sûr.
C’est encore une fois le minuscule parti UDF, proche des milieux évangéliques, qui a lancé les hostilités. La formation avait notamment combattu le partenariat enregistré pour les couples de même sexe, en 2005. Et le spectre du «lobby homosexuel» est manifestement dans les esprits des partisans de l’initiative «Contre la sexualisation à l’école». Dans les colonnes du «Temps», le membre du comité René Jacquet (Christians for Truth) estime que l’éducation sexuelle précoce a pour but d’imposer «peu à peu la théorie du genre. Car derrière tout ça, il y a les mouvements homosexuels». Même hantise du côté de l’UDC bâlois Sebastian Frehner: «Un enfant de 4 ans ne doit pas être obligé d’apprendre la différence entre hétérosexuel, gay, lesbienne et bisexuel!»
Couac retentissant
Côté romand, où la récolte de signatures n’a guère enthousiasmé le public, l’initiative compte parmi ses soutiens le tonitruant superministre valaisan Oskar Freysinger, le psychiatre aux sympathies identitaires Dominique Baettig et évidemment la marmoréenne ex-conseillère nationale Suzette Sandoz. Pour mémoire, l’initiative avait connu un couac retentissant en avril 2012, quand il était apparu qu’un membre de son comité avait été condamné pour actes sexuels sur une mineure, dans les années 1990. La campagne de récolte de signatures avait dû être redémarrée.
J’ai dû avoir mon premier cours d’éducation sexuelles à l’âge de 4-5 ans, et ce ne choque personne dans le Jura (du moins à ce que je sache). Faut s’imaginer que tout est imagé avec des petites graines ou je ne sais plus quoi.
Quand je pense que Suzette Sandoz a été une grande figure du parti Libéral. Décidement, ça montre bien que pour tout un pan de ces partis leur orientation politique ne s’applique qu’en matière économique…