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Héros malgré l’ouïe

En marge des 10 ans de «Rouge & vert club 96», l’association suisse des sourds gays et lesbiennes, rencontre avec Otto Bögli, l’un des représentants romands de ce groupe, au confluent de deux communautés qui partagent un parcours accidenté vers la reconnaissance et la fierté.

C’est peu dire qu’Otto Bögli profite de la vie après 39 années dans l’imprimerie: «Ça a été long!» soupire ce jeune retraité au moyen de signes concis et expressifs. Désormais il s’investit pleinement dans la vie des associations de sourds, notamment à la Fédération suisse, à Lausanne. C’est là qu’il y a quelques années, il avait contribué à l’organisation d’une séance d’information sur l’homosexualité. Une première. «80 participants étaient venus y assister. Pour beaucoup, c’était une réalité qu’ils découvraient complètement.» Du fait de son engagement dans la communauté sourde, c’est tout naturellement qu’Otto a rejoint «Rouge & vert club 96», le club des sourds gay et lesbiennes suisses qui a fêté ses 10 ans au mois de juin. Un anniversaire qui a drainé près de 180 personnes à Zurich. Etonnant, pour un groupe comptant seulement 45 membres… «C’est que beaucoup de gens sont venus de l’étranger, d’Allemagne, d’Angleterre et des Pays-Bas, surtout, où il existe des groupes de même type très importants. Nous entretenons avec eux des contacts et organisons des voyages.» Otto regrette toutefois qu’il y ait aussi peu de Romands parmi les membres du club: huit! Il est vrai que les activités, repas ou sorties, se déroulent le plus souvent du côté de Zurich.
Souffre-t-on d’un double isolement, lorsque l’on est gay et sourd? Otto n’en est pas persuadé: «Avec la création de Rouge & vert, il ne s’agissait pas forcément de rompre la solitude, mais plutôt de créer des amitiés. Les sourds sont plus habitués à une certaine solitude que les entendants, qui sont bien entre eux. Il n’est pas toujours facile de lier des contacts.» Mais Otto précise que le groupe n’est pas réservé aux personnes maîtrisant la langue des signes: «Les entendants qui désirent découvrir et s’habituer à entretenir des contacts avec les sourds sont aussi les bienvenus.»

100 ans de répression
La langue des signes, précisément, est la base d’une véritable culture – voire d’une identité longtemps bafouée. Otto raconte que ce mode de communication a longtemps été interdit dans l’éducation des sourds: «A l’école des sourds où j’ai été, on signait en cachette. Quand le maître nous surprenait, il nous mettait dans le fond de la classe. Finalement, personne n’est parvenue à faire disparaître la langue des signes pendant les 100 ans de son interdiction, comme c’est aussi le cas de la répression de l’homosexualité pendant des siècles qui n’a servi à rien!» L’interdiction dura jusqu’aux années 80, une époque qui marquait aussi bien le réveil de la langue des signes que l’affirmation naissante du mouvement homo: un double cheminement vers l’acceptation et la fierté qu’Otto a effectué avec courage, même s’il avoue ne pas encore avoir fait de coming out auprès de ses proches. «A l’avenir, j’espère que l’on considèrera enfin les gays comme des individus et il n’y aura plus besoin de ces notions d’homo ou d’hétéro. En attendant, si un sourd me pose la question de savoir pourquoi je suis homo, je n’ai qu’à lui retourner la question: Et toi, pourquoi tu es sourd? …Dans la vie il y des choses qu’on ne désire pas; ça arrive et c’est tout!»

Interprétation: Philippe Wieland
Pour plus d’infos sur Rouge et vert club 96: www.rgc96.ch