Une déferlante arc-en-ciel sur Fribourg

Affluence réjouissante pour l'édition 2013 de la Pride romande, 14 ans après sa première édition en terres fribourgeoises. La parade a enflammé les rues de la ville, noires de monde. Seul (petit) accroc: un rassemblement d'intégristes, à mi-parcours.

Quatorze ans après son premier passage dans la cité des Zähringen, la Pride a réuni 2000 à 3000 gays, lesbiennes, bi et trans dès son coup d’envoi, devant le théâtre Equilibre. Une affluence inespérée, selon les organisateurs. Lors de la partie officielle, ouverte avec humour par les porte-parole de Pink Cross et de LOS, le syndic Pierre-Alain Clément a rappelé l’histoire de la manifestation. Plus inspiré, le ministre de la Justice et de la Police fribourgeois, Erwin Jutzet, a appelé à ce que tombent les «barricades conservatrices» au sein de la société fribourgeoise. Dans un discours bilingue français-allemand, le socialiste a plaidé en faveur de l’«acceptation» et non de la «tolérance», trop souvent accolée aux questions LGBT. Le message est passé, malgré les cloches du temple voisin qui sonnaient à toute volée. C’est peut-être un signe: on y célébrait un mariage.

La marche s’est déroulée dans une bonne humeur communicative, et par une température idéale. Beaucoup d’habitants s’étaient massés le long du boulevard de Pérolles une demie-heure déjà avant le début de la parade. Selon les forces de l’ordre, ils étaient une dizaine de milliers devant la gare et le long du boulevard de Pérolles. Une petite dizaine de chars représentant les associations romandes, mais aussi beaucoup de groupes alémaniques ont défilé en musique pendant un peu plus d’une heure.

«Protégeons les enfants»
A mi-parcours, la présence d’une poignée de fondamentalistes de la Fraternité Saint Pie X n’est pas passée inaperçue. Cette petite dizaine d’hommes, chaperonnés par des prêtres en soutane, ont déployé une banderole hostile à la manifestation (voir les photos ci-dessous). Certains brandissaient aussi des pancartes où l’on pouvait lire des slogans comme «Protégeons les enfants. Non aux gay pride» ou «La destruction des repères moraux sert l’oligarchie financière. Non au capitalisme libéral-libertaire mondialisé». Comprenne qui pourra. En tout état de cause, les contre-manifestants ont été salués par une volée de sifflets, de quolibets et de doigts d’honneur. Quelques capotes ont également volé en leur direction, avant que le couvent local des Sœurs de la Perpétuelle indulgence ne leur offre un vibrant «Gloria» à la sauce queer. Ils sont restés impassibles, derrière un cordon d’agents de sécurité. En 2012, à Delémont, et en 2005, à Lucerne, des groupes d’extrémistes chrétiens appartenant à la même mouvance avaient tenté de perturber l’événement.

La fête se poursuivait, en soirée, sur l’esplanade de la cité universitaire, un peu trop petite pour accueillir la foule. Une quarantaine de stands, dont plusieurs musicaux, et des spectacles attendaient les prideurs et les Fribourgeois jusqu’à minuit.

» Davantage de photos sur notre page dédiée, ainsi que sur la page Facebook de la Pride 2013.

Pride incertaine en 2014

Contrairement à la tradition, le nom de la prochaine ville qui accueillera la Pride romande, itinérante depuis sa création, en 1997, n’a pas été dévoilé ce samedi. Aux dernières nouvelles, aucune association ne s’est encore portée volontaire pour organiser l’événement. Il se pourrait donc qu’il ne revienne, au mieux, qu’en 2015.