Oskar Freysinger aux portes de l’exécutif valaisan
Tribun de l'UDC tendance extrême-droite, le conseiller national est arrivé en tête du premier tour de l'élection au Gouvernement cantonal. Ça promet – entre autres pour la communauté gay-lesbienne locale.
Plus de deux électeurs valaisans sur cinq ont glissé le nom du tonitruant candidat UDC dans l’urne, ce dimanche. Quelque 53’000 voix qui assurent quasiment à Oskar Freysinger une place au Gouvernement cantonal. Et une bonne. On peut imaginer que cet enseignant de profession s’intéressera de près au département de l’éducation. Quelle belle perspective pour les écoles du canton!
Pourfendeur du prosélytisme homo
Rappelons que le catogan le plus célèbre de Suisse, outre son opposition à l’avortement ou aux prétendus excès de l’éducation sexuelle, est un farouche adversaire des avancées enregistrées par les LGBT suisses, ces dernières années. Malin, il se garde d’attaques frontales contre les gays et lesbiennes: il préfère faire planer le spectre du «prosélytisme homosexuel», par exemple contre l’Office fédéral de la Santé qui avait publié une brochure destinée aux jeunes gays en 2005. Ou il disserte sur un prétendument riche et puissant lobby gay manœuvrant les partis politiques. Des insinuations très en phase avec celles de l’extrême droite européenne, avec laquelle le très médiatique Saviésan aurait tissé des liens étroits.
Pour les attaques homophobes, il préfère laisser dégainer Grégory Logean, auteur du trop fameux flyer contre la Journée mondiale contre l’homophobie 2009. Le jeune politicien avait également qualifié de «tumeur» la création d’une section gay au sein de son propre parti, l’année suivante. A chaque fois, tonton Oskar avait offert son soutien à son turbulent poulain (voir ci-dessous), au nom de la liberté d’expression.
En décembre dernier, Oskar Freysinger s’est toutefois lâché lors du débat sur l’adoption par les couples de même sexe à la tribune du Conseil national. Prêtant une «sexualité diffuse» aux gays et lesbiennes, il a mis en garde contre une loi qui légitimerait d’«abuser d’enfants en les entraînant [dans des] expérimentations sociales». Le texte, considérablement allégé, est en passe de recevoir le feu vert définitif du Conseil des Etats.
Grégory Logean ronge son frein
Fort d’un excellent score aux dernières élections fédérales de 2011, Grégory Logean lorgne à présent le siège que Freysinger, une fois élu au Conseil d’Etat, libérerait au Conseil national. Mais rien n’est moins sûr. Le tribun saviésan a laissé entendre qu’il n’abandonnerait pas forcément son mandat au Conseil national. Ou que s’il le faisait, ce serait pour laisser la place à un Haut-Valaisan (germanophone). Mais Logean s’accroche: il déclare à qui veut l’entendre qu’il est «prêt à siéger». Récemment évincé du Conseil municipal du Val d’Hérens, il a bien besoin d’un fauteuil sous la Coupole pour se faire entendre.