Contre le mariage gay, le PDC avance masqué
Deux initiatives «pro-famille» des démocrates-chrétiens auraient abouti. L'une d'elles propose, en douce, d'exclure toute future ouverture du mariage aux couples de même sexe. Dilemme en perspective pour les gays et lesbiennes suisses.
Réuni hier à Lucerne pour fêter son 100e anniversaire, le Parti démocrate-chrétien (PDC) a annoncé triomphalement avoir récolté bien plus que les 100’000 signatures nécessaires à l’aboutissement de deux initiatives. Elles seront déposées à Berne le 5 novembre, en vue d’une votation populaire. L’une des initiatives vise à défiscaliser les allocations familiales, l’autre à baisser les impôts des couples mariés. Mais derrière les intentions sociales de ces textes, le parti parti poursuivrait d’autres visées, résolument conservatrices. De fait, la seconde proposition comble une «lacune» de la Constitution suisse: la définition du mariage comme une institution hétérosexuelle. L’initiative du PDC l’établirait comme «l’union durable réglementée par la loi d’un homme et d’une femme».
Ce «détail» pourrait bientôt placer les organisations LGBT devant un dilemme: faut-il entrer en campagne pour préserver la possibilité d’instituer, demain, un «mariage pour tous»? Pour l’instant, cette revendication ne fait pas partie des priorités du mouvement helvétique, contrairement à ses homologues français ou allemands.
Division
Aimant à se présenter comme le parti du «vrai centre» et «qui cherche le consensus sans vouloir créer la polémique à tout prix», selon l’expression de la Conseillère fédérale Doris Leuthard, le PDC est très divisé sur les questions LGBT. En novembre 2011, le ralliement de ses sénateurs à une motion en faveur de l’adoption pour les couples de même sexe avait provoqué la colère de son président, Christophe Darbellay. A cette occasion, le Valaisan avait comparé les parents homosexuels à des cocaïnomanes: «On ne va pas tout à coup autoriser la cocaïne parce qu’il y aurait 500’000 consommateurs!», avait-il déclaré au «Temps».
Le PDC est un parti dangereux qui joue sur l’ambiguité pour imposer ses vues conservatrices et rétrogrades. Il faut absolument que nous et vous en particulier, les medias gays, donniez de la voix pour faire entendre le risque que de telles initiatives lancées par ce parti ringard fait subir aux (couples) gays!
Oui !
Il faut bien sûr se battre ! ça voudrait dire quoi ? Que les couples lié par un partenariat n’auront pas les mêmes avantages fiscaux ! C’est un risque que nous devons pas prendre !
On s’en fout que le mariage ne soit pas une priorité pour les associations. L’égalité doit être combatue quand c’est encore possible. Une fois la loi passée il sera trop tard
Oui je suis d’accord. Le pire, c’est que je n’ai entendu nulle part (à part ici) cette question de définition du mariage. Peut-être que cela passera même inaperçu durant la campagne.
Non, ça n’est pas passé inaperçu, oui il était beaucoup trop tôt pour communiquer là-dessus…
Et il n’y a pas de dilemne pour les faîtières LGBT, c’est non à cette initiative, uniquement à cause de la définition restrictive du mariage qui marquerait de fait un retour en arrière dans les droits nouvellement acquis pour les personnes transgenres qui peuvent conserver un mariage pré-existant !!!
Une fois de plus, par manque de connaissance juridique et par aveuglement politique, le PDC sous couvert de favoriser des familles va en précariser d’autres, qui plus est avec enfants à charge !
La priorité absolue est l’égalité de traitement. Dès l’annonce de l’initiative par le PDC et dès connaissance de l’article 14 al 2 proposé par l’initiative, l’organisation suisse des lesbiennes LOS a clairement fait part de son opposition. Aujourd’hui, nous disons clairement que nous ne soutiendrons pas cette initiative qui passe par la petite porte pour inscrire dans la constitution une vision dépassée du mariage, ou plus simplement de l’union entre deux adultes!
Le travail d’information ne fait que commencer, en premier lieu au sein de nos associations pour déjouer le tour de passe-passe du PDC. Le travail se poursuivra au parlement, la messe n’est pas dite!